On reprend tout ! Tant que ça marche !

Shrek 2 est un film d'animation de la société DreamWorks réalisé par Andrew Adamson (et plus généralement par la même équipe chargée de la conception de Shrek, premier du nom). Et autant dire qu'il va falloir proposer du lourd pour élever ce deuxième film à la hauteur du premier, à savoir dans la déconstruction du conte merveilleux qui avait été le gros point fort de l'opus précédent. Verdict : c'est honorable !

Shrek et Fiona sont mariés depuis peu lorsqu'ils reçoivent une missive du royaume Fort Fort Lointain : les parents de Fiona, ayant appris la libération de leur enfant, la convient à un bal, en compagnie de son époux charmant. Shrek est réticent à dévoiler sa nature d'ogre, ce qui va bien évidemment causer quelques ennuis.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude.

A regarder ce film d'animation, j'ai eu l'impression - Andrew Adamson oblige, probablement - de me retrouver devant les deux premiers films Le Monde de Narnia. Je m'explique rapidement : c'est pratiquement la même chose. Rien ne sort véritablement du lot dans ce deuxième film et on reste sur des ingrédients quasi identiques à ceux utilisés pour le premier opus : on poursuit cette déconstruction du conte pour enfant en enrichissant les clins d’œil et les références à la pop-culture, qui soit dit en passant sont toujours d'aussi bonne facture. Mais il y a une volonté de rester prudent et d'utiliser d'éléments qui fonctionnaient lors du premier divertissement. Néanmoins, il serait faux de dire qu'il n'y a pas de changement ou plutôt d'apport. En effet, là où Shrek se voulait véritablement dénaturer le conte féerique, il y a ici une volonté de reconstruction du conte, ce qui engrange encore plus de quiproquo et de situations cocasses, très bien trouvées ; c'est ce qui fait office de nouveauté rafraichissante. Autrement, force est de constater que l'on fonctionne absolument sur le même principe que le premier Shrek : de la parodie de conte, de l'ajout de différentes références, pour ce qui est de la version française (je n'ai toujours pas essayé la version originale) des jeux de mots intéressants et sympathiques qui peuvent, à la longue, probablement exaspérer si on n'est pas habitué... le tout pour donner ce cachet irrésistible que l'on peut désormais attribuer à cette saga. Et si on a repris les mêmes bonnes idées, on a également pris les défauts : à savoir une vitesse d'intrigue peut-être un poil trop vive et pas mal de séquences, notamment remarquable via les dialogues, qui semblent quelque peu malmenées, avec cette volonté de vite passer soit à la péripétie suivante, soit au gag suivant. Néanmoins, l'histoire demeure attrayante et généreusement sertie en éléments humoristiques afin de ne pas ennuyer le spectateur, surtout que le dynamisme de l'action a été renforcé, offrant des séquences vraiment nerveuses et - bien entendu - dynamiques.

Concernant les personnages, au même titre que l'équipe technique, nous retrouvons aussi bien du côté des voix originales que du côté du doublage, les mêmes personnalités pour faire vivre les protagonistes déjantés de cette saga en ajoutant cette fois... Antonio Banderas pour jouer le Chat Potté, qui est véritablement la grande nouveauté de ce film. Un adjuvant, même un personnages principaux au point où il en est, qui sait tirer son épingle du jeu au point de rapidement faire parti des figures favorites de l'univers de Shrek. Il est également intéressant à observer, analyser, notamment vis-à-vis de L’Âne sur le plan amical : Shrek semble bien plus enclin à faire ami-ami avec le Chat Potté (malgré la nature de leur rencontre) qu'il ne l'a été avec L’Âne, au point de se poser quelques questions qui peuvent germer à la vue de cette situation. Bien évidemment, nous accueillons de nouveaux personnages à l'image des parents de Fiona et également de nouveaux antagonistes à l'image de la Marraine de Fiona ou de Prince Charmant, des figures qui ne manquent pas de piquant mais qui se révèlent en fin de compte assez plat, comme avait pu l'être Lord Farquaad ; à se demander si par méchant, DreamWorks attend plus présenter du charisme que de véritables (mauvaises) intentions - ce qui ne veut pas dire que ces deux antagonistes n'ont pas de raisons d'agir comme ils le font. A l'image du premier donc, c'est encore un excellent point que Shrek 2 nous présente là.

En ce qui concerne la patte graphique, l'animation de cet opus, au risque de se répéter, rien de neuf sous le soleil sans pour autant perdre de sa superbe. Le tout reste agréable à regarder, avec des effets de lumière franchement sympathique quand bien même nous pouvons souligner/pointer quelques imperfections, notamment en ce qui concerne la nourriture. Les effets des sortilèges et des potions (la présence de la Marraine oblige) sont cependant assez bien réussis pour un résultat plus que convenable ; il en va de même pour la séquence du (très court) siège avec des matérialisations de flammes mieux réussies que dans le premier opus.

Pour les musiques, si on peut noter la disparition de John Powell, on garde tout de même à la composition Harry Gregson-Williams pour un éventail musical toujours aussi agréable et des reprises amusantes.

En vérité, Shrek 2 brille surtout grâce à la reprise impeccable des éléments qui ont fait le succès du premier quand bien même les apports de son titre sont tout bonnement géniaux (le Chat Potté en est l'excellent exemple). Le tout n'en demeure pas moins un appréciable divertissement que je recommande chaudement, autant pour les petits que pour les grands. Le seul point noir que l'on pourrait reconnaître à cet opus, c'est de ne pas tenter de s'élever encore plus haut, de proposer autre chose. Mais à défaut de proposer du neuf, on rigole encore avec une recette qui a fait ses preuves.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !