De bons éléments mais pas forcément bien exploités

Et nous voici pour le dernier (?) film de la saga Shrek, j'ai nommé Shrek 4 : Il était une fin, qui poursuit donc - comme son nom l'indique - sur son détournement du conte pour en faire ressortir quelque chose de, si ce n'est pas déjà vu, rafraichissant ; la preuve en est avec les trois premiers films qui, s'ils reprenaient toujours la même recette question divertissement familial, ont su apporter chacun leur tour une pierre à l'édifice de la parodie merveilleuse. Cette fois-ci, le film d'animation est réalisé par Mike Mitchell (qui avait déjà travaillé sur deux films de la saga) et force est de constater, comme révélé précédemment, que la recette du succès est... la même. Mais après tout, tant mieux : si c'est ça qui marche !

Shrek vit son existence de père au foyer et d'attraction touristique assez mal, au point de regretter l'époque où il était encore Shrek, l'ogre qui faisait peur à tout le monde, le Shrek d'avant Fiona. C'est là que le nain Tracassin débarque et propose à Shrek de signer un contrat : en échange d'une seule journée de son passé, il pourra vivre une journée dans la peau de cet ancien Shrek. Mais quelque chose cloche...
Pas plus de spoil !

Commençons par le commencement !
Je pense qu'il s'agit du scénario, de l'intrigue la moins travaillée. Attention, elle demeure tout de même divertissante mais on ressent bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas, du moins tout seul. Le schéma du héros qui se retrouve dans le passé, à une époque où il était quelqu'un d'autre, on a déjà vu cela. Premier point. Le deuxième point, et c'est celui que j'ai trouvé le plus illogique : pourquoi Shrek désire-t-il retourner à une époque qu'il n'aimait déjà pas ? Certes, avec les nouvelles conditions de vie, sa femme, ses enfants... il n'a plus le temps de rien (ce qui est parfaitement illustré dans l'introduction de ce quatrième opus) et désirait prendre un peu de vacances. Or, la période d'avant Fiona (avant qu'il ne la libère) ne lui était pas agréable si je me souviens du premier film où il déclarait qu'il en avait marre que tout le monde voit en lui un monstre devant lequel il fallait être effrayé. De ce fait, on est devant un problème épineux concernant la logique du héros. Outre ce détail qui peut facilement arquer les sourcils, ce retour en arrière inédit est plutôt bien mis en scène, avec des situations intéressantes, tandis que d'autres sont peut-être plus surprenantes (le fait que Potté se trouve avec (en compagnie j'entends) Fiona par exemple). Et surtout, un aspect qui est vraiment dommage : les ogres. Bon dieu, on nous présente des ogres en pagaille, pourquoi ne pas avoir gardé un petit temps pour détailler à fond cet aspect ? Parce que là, à part une spécificité physique, on a absolument rien : le vide total, et c'est dommage ! Sincèrement !
Et si l'on devait finir avec des généralités, force est de constater que, puisque la même recette est gardée et semble toujours aussi bien fonctionner, si le scénario dans sa forme n'apporte pas forcément énormément, il accepte des détails, des manières de faire qui régalent, de quoi passer un bon moment sans trop se prendre la tête.

Concernant les personnages, si on retrouve quasi tous les personnages des opus précédents, ils auront la qualité d'être tous différents, physiquement et psychologiquement parlant, ce qui assure une forme d'originalité et un renouvellement intéressant à observer. De ce fait, c'est une agréable surprise que de redécouvrir ces personnages charismatiques de la série et de le voir se côtoyer, renouer des liens entre eux... (et ce, à cause du contrat signé). Pour les antagonistes, nous en avons deux en particulier : Tracassin, qui est le grand méchant. Voilà, sans plus. Le fait qu'il négocie des contrats capables de renverser des existences est la seule chose qui le rend unique, autrement il est assez lambda malheureusement, ce qui n'est pas le cas de son adjuvant : le Joueur de Pipeau qui parvient, malgré son temps d'apparition assez court, à être tout bonnement délicieux, offrant des séquences de danses et de mélodies vraiment sympathiques. Une petit mention spéciale également pour l'armée personnelle de Tracassin : les sorcières. Elles ont un design intéressant et élégant que j'ai beaucoup apprécié dans le film.

Pour la patte graphique, j'ai pu visionner cet opus dans de meilleures conditions que le troisième film est le résultat est le suivant : c'est toujours aussi classe. L'animation est fluide, c'est beau, détaillé... même si on peut, par moment, se demander si ça ne "rame" pas un peu ou si la qualité graphique est toujours au poil. Les combats sont toujours si dantesques et dynamiques mais pour un film de la société DreamWorks, la qualité est au rendez-vous.

Pour les musiques, le fait d'avoir toujours à la composition Harry Gregson-Williams est un excellent atout. Les mélodies sont sympathiques et les reprises toujours aussi bienvenues.

Pour les décors et les paysages, disons que la transformation liée au contrat que signe Shrek est intéressante à observer. Pour le reste, on demeure sur de l'acceptable.

Shrek 4 : Il était une fin, bien qu'il entreprend de suivre la même recette de conception et prenne, pour cet opus, un sujet pas forcément apte à se présenter comme original, parvient à concevoir un résultat agréable et absolument divertissant quand bien même il ne semble pas aller au bout des choses. Il y a vraiment de bonnes idées et de bonnes pistes scénaristiques mais on a l'impression que, par manque de temps, de moyen ou de patience, l'équipe technique s'est juste empressée de survoler les bonnes idées. Néanmoins, le divertissement est au rendez-vous, et franchement, c'est tout ce qui compte et de ce fait, je vous en recommande le visionnage.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !