Martin, tu devrais rougir de honte davoir tant pompé Alan !
Eh bé, décidément, après "Looper", que j'ai abondamment savaté pour pompage outrancier de "Terminator", "la jetée" et "Fury", c'est au tour de "Shutter Island" de passer à l'impitoyable moulinette fitchienne. Ça commence bien, très bien, très très bien, comme un croisement idéal entre "l'ile du docteur Morceau" et "Vol au dessus d'un nid de coucou", on y croit, on salive, c'est bandant. Et pis d'un coup, ça bascule sottement, vulgairement dans le sous "Fight Club", pour finir par carrément pomper outrageusement "Angel heart". D'accord, ce film d'Alan Parker a été un four à sa sortie, d'accord, il a presque 30 ans, mais c'est tout de même une tchuerie atomique ce métrage. Qui plus est, il demeure l'une des références absolues en matière de tueur schizophrène. Et cette notoriété, je pense qu'elle n'a échappé à personne, surtout pas aux States.
Sur ces faits, j'accuse donc Dennis Lehane d'avoir délibérément pompé le chef d'oeuvre parkerien pour écrire, 15 ans plus tard, son roman "Shutter Island". J'accuse également Martin Scorsese, réalisateur émérite au demeurant, d'avoir nigaudement adapté ce roman aux grosses ficelles en donnant vie à un xème produit commercial, sans considérer le cinéma comme un patrimoine culturel à part entière : "Ah... l'existait déjà ce flilm, ooooh pardon chavais pas. J'étais bourré et l'scénarisss aussi".... A d'autres.
Pour résumer mon opinion : "Shutter Island" est un bon film pour peu qu'on n'ait pas vu de quelles œuvres il s'est (très) fortement inspiré. En revanche, le connoisseur y verra trop la marque de "Vol au-dessus d'un nid de coucou", "Angel Heart" et 'Fight club".
J'en viens à conclure que les majors américaines n'ont décidément plus d'idées originales. On se croirait arrivé à un tournant de l'histoire miné par un révisionnisme culturel où toute idée de plus de 30 ans serait périmée, morte, oubliée. Ce qui laisserait le champ libre à des décideurs médiocres, dépourvus de créativité, mais très avides, de faire du neuf avec du vieux — voire du culte — à la sauce "moderne débile" "passe que les jeunes y connaissent pas les vieux films msieur, pis tant que ça nous permet de nous rincer au passage, on va pas s'priver, hein ?"
Fort heureusement, ce révisionnisme n'existe pas encore. Je voudrais cependant faire remarquer qu'au-delà des contingences commerciales, il n'y a pas d'obsolescence avec la culture, pas de concept de "vieux". Au contraire, avec le temps, les œuvres deviennent des archives, des références, permettant de mesurer sa propre production, d'acquérir un sens critique pour juger ce qu'on nous donne à voir comme il se doi(g)t, en profondeur.