Les coyotes sont à nos portes...

Enième film traitant de la lutte acharnée du gouvernement américain contre la drogue, et plus particulièrement contre les cartels mexicains qui infiltrent peu à peu le territoire US avec leurs méthodes d'intimidation barbares, "Sicario" pourrait être considéré comme un "Traffic" en moins ennuyeux.
Là où le film de Soderbergh, dans lequel Benicio Del Toro joue également, essayait d'esthétiser ce combat avec de jolis plans contemplatifs et des filtres de couleurs posant une ambiance bien particulière pour chacun des protagonistes, le réalisateur de "Sicario" va à l'essentiel et ne laisse pas de répit au spectateur. A l'image de l'héroïne du film secouée dans le flot des événements qu'elle ne maîtrise pas, on est un peu perdu face aux agissements de la bande de mercenaires emmenée par Josh Brolin.
Pourtant le plan d'ensemble et les motivations du mystérieux Del Toro se dévoilent au fur et à mesure que la tension monte. Ce côté haletant couplé à l'impression de main-mise totale d'une mafia sur la vie de millions de gens (aussi bien côté mexicain qu'américain avec le sort peu enviable réservé aux migrants illégaux, pris en otage par des passeurs véreux et pourchassés par les autorités US) donne un côté inévitable aux évènements du film, comme si les personnages n'avaient pas le choix pour arriver à leurs fins.
Car outre l'aspect film d'action, "Sicario" propose une réflexion sur le bien-fondé des méthodes à utiliser contre ces criminels en développant le thème du "la fin justifie-t-elle les moyens?" cher au cinéma américain. Une nouvelle fois l'affrontement du Bien contre le Mal, dont tout manichéisme a été purgé, semble perdu d'avance, d'autant plus que les "gentils" deviennent aussi impitoyables que leurs ennemis, quitte à persécuter eux aussi les populations innocentes. C'est cette ambiguïté, incarnée par l'inquiétant et très efficace Del Toro, qui permet au film de regarder un peu plus loin que le bout du fusil d'assaut, pour montrer que le combat ne peut pas être gagné, surtout pas en devenant pire que les bêtes combattues...

namor
7
Écrit par

Créée

le 10 août 2016

Critique lue 289 fois

1 j'aime

namor

Écrit par

Critique lue 289 fois

1

D'autres avis sur Sicario

Sicario
Vivienn
8

Apocalypse Ñow

Ce qui fait de Denis Villeneuve, depuis maintenant quelques années, une véritable valeur sure du cinéma nord-américain, c’est qu’il est tout sauf un pur produit hollywoodien. Prisoners n’était pas...

le 10 oct. 2015

150 j'aime

5

Sicario
Halifax
7

Les dieux de la vengeance exercent en silence, traquant l'immoral au prix de la loi

Sicario c'est surement l'histoire d'une grosse attente et aussi d'un sentiment partagé lorsque l'écran s'est éteint. Partagé, très partagé même sur le coup. Sicario était plein de promesses, doté...

le 26 oct. 2015

68 j'aime

7

Sicario
Silentum
5

Rien.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le début du film ne ment pas sur la marchandise. La première demi-heure donne le ton : explosions, jeu d'acteur minimal, musique qui fait poiiinnng et volume du...

le 21 oct. 2015

58 j'aime

5

Du même critique

Sicario
namor
7

Les coyotes sont à nos portes...

Enième film traitant de la lutte acharnée du gouvernement américain contre la drogue, et plus particulièrement contre les cartels mexicains qui infiltrent peu à peu le territoire US avec leurs...

le 10 août 2016

1 j'aime

Abigaël : la dernière nuit sans sommeil
namor
7

Critique de Abigaël : la dernière nuit sans sommeil par namor

Quête semblant sans fin où chaque chapitre, tel une sorte de jeu de plate-forme macabre, est un monde onirique et lugubre dont la jeune héroïne doit comprendre les codes, pour l'apprivoiser ou s'en...

le 18 déc. 2022

Cruising - La Chasse
namor
4

Cuir froissé et moustache sanglante

Difficile de juger un film 36 ans après sa sortie, surtout lorsqu'il traite du milieu homosexuel dont l'image a beaucoup évolué depuis les années 80. Attiré vers ce film par la présence de Pacino en...

le 6 août 2016