Dès les premières minutes, y compris le générique accompagné de la musique de Morricone, on peut penser qu’Eastwood, fidèle de Don Siegel, apporte avec lui ses bagages Leonien pour ce western. Le personnage est un solitaire taciturne aux percées ironiques, le décor mexicain est écrasé par la chaleur, la violence est appuyée, voire un peu bouffonne, et le contexte d’arrière plan rappelle celui de Giu la testa, même si Leone n’avait pas encore réalisé ce film.
Pourtant tout ce contexte pré-établi laisse peu à peu la place au couple central, inédit, entre ce desperado et Sara (Shirley MacLaine), une bonne sœur qu’il a sauvé d’un viol collectif.
Siegel ne néglige pas l’intrigue de fond, politique, mais c’est du second plan, ce qui l’intéresse c’est la relation ambiguë qui va naître entre ces deux personnages, le désir latent, la tension sexuelle qui monte et explose lors d’une scène de pénétration, même si c’est une flèche. C’est la scène pivot, Siegel la fait durer avant de créer une sorte de jouissance/libération/douleur lorsque Sara va l’extraire. Il est soul, elle lui retire une épine du pied, il lui dit ce qu’il pense réellement, son attirance.
Et dans cette accumulation de souffrance, tension érotique, interdit, on pense à l’autre film très célèbre de Don, les proies.
C’est donc toute cette histoire relationnelle, ambiguë et étrange qui donne au film son originalité, on retrouve le style du cinéaste, et on s’éloigne du simple western spaghetti sans corps.