Ceux qui suivent ces critiques savent à quel point les adaptations de jeux vidéo sont descendues. Et pourtant, au cours de quelques visionnages, il est arrivé de tomber sur des exceptions. Comme Silent Hill en 2006, réalisé par le cinéaste français Christophe Gans (notamment connu pour avoir fait Le Pacte des Loups). Malgré ses défauts, le long-métrage faisait honneur au jeu dont il était tiré. Étonnant donc que les producteurs aient mis autant de temps à sortir une suite, alors que des bousasses à la Resident Evil sortent régulièrement. Un sequel qui a mis au moins 6 ans à voir le jour… et dont on aurait bien aimé ne jamais avoir à regarder !

Cette longue attente a été intégrée au scénario, où nous retrouvons la jeune (18 ans, quand même !) Heather en compagnie de son père, qui déménagent sans cesse pour fuir quelque chose, que l’adolescente soupçonne d’être lié à ses étranges cauchemars qui mettent en avant la ville de Silent Hill. Et puis, tout va s’accélérer quand le paternel va se faire kidnapper par une secte qui veut ainsi pousser la jeune fille à retourner dans la ville du premier film, où elle découvrira un lourd secret concernant son existence. Un peu barré, lu comme ça, mais il faut savoir que cet opus fait de même que le précédent. À savoir une histoire qui s’inspire librement du jeu d’origine. Ici, il est question du 3 : nous retrouvons Heather partant à Silent Hill retrouver son père, où elle croisera la route de divers personnages que nous retrouvons ici (Claudia, Leonard…). On peut comprendre qu’il faut adapter la trame à sa sauce, dans le but de ne pas faire un copié-collé sans saveur du produit d’origine. Et également d’arriver à remplacer certaines séquences et détails par d’autres pour rendre le tout crédible. Seulement voilà, Revelation n’a pas été dirigé par Christophe Gans…

Le Français est remplacé par Michael J. Bassett. Autant dire un grand inconnu du public, qui se contente d’avoir à sa filmographie Wilderness et Solomon Kane. En somme, ce ne sont pas de grands titres, qui lui auraient permis d’avoir du pouvoir sur ce projet. Au lieu de ça, Silent Hill 2 s’est laissé diriger sous la houlette des producteurs, qui en ont fait un grand n’importe quoi. Allant jusqu’à dénaturer le scénario : répliques qui sonnent faux (pire qu’un film d’adolescents qui ne se prend pas au sérieux), protagonistes sans aucune consistance, changements par rapport au jeu fort douteux dans le but d’attirer un plus large public (où est passé la scène où Heather vomit un embryon diabolique ? pourquoi Leonard n’est pas le monstre qu’il est dans le jeu ?)… Plein de défauts scénaristiques de ce genre qui en font un film peu abordable car inintéressant et ayant l’air d’une ébauche au stade du premier jet d’un script.

Non, si Silent Hill : Revelation a été réalisé, c’est uniquement dans l’optique de surfer sur le succès du premier, tout en se pliant à la nouvelle mode commerciale du moment : le passage à la 3D. Du coup, tout le reste à été oublié au profit de séquences en relief qui, au final, se remarquent à peine ! Juste pour rendre impressionnant une énorme épée ou encore donner de la (mauvaise) profondeur à un combat final entre deux monstres (scène à la Resident Evil made in Paul W.S. Anderson sous des airs de musique à la limite du metal rock). Cela aurait pu être appréciable pour un autre film, mais ici, il s’agit de Silent Hill ! Un film qui se base sur un jeu vidéo connu pour son ambiance angoissante.

Hors, tout de ce long-métrage semble venir d’un clip ! Notamment avec ce montage anarchique, ces effets spéciaux mineurs (c’est quoi cette brume d’une laideur visuelle sans nom ? ça sent le tape-à-l’œil fait à la va-vite !), ces acteurs qui sont dans l’excès (Sean Bean, est-ce bien toi ?), cette bande-son qui sature les oreilles. Tant de défauts qu’il fallait éviter pour garder l’atmosphère oppressante du premier film, qui se retrouve ici dénaturée pour se rapprocher bien plus d’une orgie visuelle sans consistance à la Blade. Résultat de cette ambiance : on se marre par pitié de la pitoyable qualité plutôt que de frissonner un chouïa comme cela aurait dû être le cas ! Et ce malgré des moments faits dans le but d’effrayer, qui ne marchent aucunement car tout étant tout simplement mal fichus (mal tournés, mal montés…).

Silent Hill : Revelation, en plus de faire honte au jeu, déshonore également le travail de Christophe Gans sur le premier opus. C’est indéniable ! Est-ce le sort réservé à tous les jeux vidéo angoissants ? Donner naissance à des films qui ne se basent qu’à faire des clins d’œil et arborer le titre d’origine pour exister ? La saga Resident Evil confirmait ce fait. Silent Hill 2 ne fait qu’enfoncer le clou encore plus ! Pas sûr qu’un troisième opus naisse (malgré une fin ouverte), étant donné que cette suite n’ait pas marché auprès du public. Mais sait-on jamais ! Il faut bien avouer que question ratage, on a vu pire (ce film étant tout de même regardable comparé à d’autres). Mais être passé après Christophe Gans n’en est que plus fatal !

Créée

le 12 févr. 2014

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