Plein Soleil

Alors qu'une vague verte arrive dans les mairies de France, il est intéressant de regarder Silent Running qui pousse à l'extrême les peurs liées à la dégradation de la Terre, car ici celle-ci a été touchée par un désastre écologique et n'a plus du tout les ressources naturelles suffisantes.

Enfin, Douglas Trumbull (oui, le fameux magicien à qui l'on doit les effets spéciaux de 2001, Blade Runner, Star Trek I...) ne cherche pas spécialement à montrer l'état de la Terre et Silent Running n'est jamais vraiment un film post-apocalyptique. C'est même là que c'est intéressant, car il va vraiment proposer une passionnante idée de Cinéma, loin des films spatiaux que l'on a l'habitude de voir ces derniers temps. Il cherche plus la réflexion et l'émotion, par le biais d'une mise en scène contemplative, prenante le temps de nous mettre dans l'ambiance.

Encore plus que la réflexion, c'est vraiment dans l'atmosphère que le film va être réussi, il parvient à nous stimuler et nous faire ressentir les sentiments des personnages. C'est assez étrange, mystérieux d'abord, puis mélancolique et sous tension, avec quelques touches plus charmantes lors des moments adéquats. Pour cela, et ce n'est pas surprenant, il soigne aussi l'aspect visuel, avec de jolis plans, de nombreuses idées dans les décors offrant ainsi quelques magnifiques images et séquences.

S'il n'a eu l'opportunité de ne tourner que deux longs-métrages en tant que metteur en scène (celui-ci donc, puis Brainstorm au début des années 1980), il se montre tout de suite à son aise derrière la caméra. Pour cela, il ne néglige ni le scénario (écrit par Michael Cimino et Steven Bochco, se révélant assez simple mais efficace et propice à quelques réflexions sur l'Homme ou la planète), ni les personnages et en particulier son principal (très vite il n'y a plus qu'un seul rôle). On s'intéresse puis s'attache à lui, et c'est ce personnage qui va ensuite porter cette fable sur ses épaules, faisant du rêve et de l'utopie un axe fort de pensée et d'atmosphère.

Douglas Trumbull se montre fidèle à sa réputation de génie des effets-spéciaux, proposant ainsi une bien jolie et immersive vision de l'espace. On a l'impression d'être au cœur de l'intrigue, bien aidée aussi par une parfaite et douce bande-originale, collant parfaitement aux images. Enfin, on ne peut aussi que saluer la performance de Bruce Dern, vraiment génial dans un rôle compliqué, où il sait se montrer obstiné, tout en laissant peu à peu paraître une certaine folie.

En signant Silent Running, Douglas Trumbull propose une oeuvre aussi étrange que mélancolique et peu à peu sous tension, proposant une réflexion sur l'humain et la Terre, ainsi qu'une atmosphère immersive sublimée par une bande-originale collant parfaitement aux images, le tout étant porté par un impeccable Bruce Dern.