À la vue de l'affiche, il m'apparaissait indispensable de voir Sils Maria : Juliette Binoche, Krysten Stewart (pourquoi pas ?), Olivier Assayas... et ce pitch qui, eu égard à mes accointances avec le théâtre et de quelques références spontanément invoquées autour du génie en déchéance (Sunset Boulevard, Black Swan, La Vénus à la fourrure, et surtout All about Eve), ne pouvait me laisser de glace.
En effet, Juliette Binoche est excellente (comme souvent selon moi) ; quant à Krysten Stewart, dont je n'ai vu aucun film depuis le premier Twilight (le seul, heureusement pour ma santé mentale), elle est exceptionnelle. Après le coup des vampires, Robert Pattinson avait déjà prouvé la réussite de sa 'reconversion' avec notamment une belle performance dans Cosmopolis de Cronenberg (un film que j'ai très moyennement apprécié, mais dont le principal point d'éclat est précisément Pattinson). Krysten Stewart montre elle aussi qu'elle est capable de produire un personnage parfaitement ciselé, de la désinvolture active à l'émotion cantonnée. Même les seconds rôles, à l'image de Hanns Zischler, sont bien tenus.
Olivier Assayas propose une très belle vision sur les questions du lien ténu entre acteur et personnage, et du temps de la vie réelle au regard de la fiction. Il trace par ailleurs un univers captivant, entre les serpents de Maloja et la pièce du même nom. L'ensemble est bien filmé (c'est vague...) et mêle des moments de vie avec des plans méditatifs sur le huis-clos immense que sont les montagnes autour de Sils. Le montage, quant à lui, est très particulier : Assayas recourt volontiers à des fondus au noir ou enchaînés, d'une manière que je n'ai pas vue depuis Fritz Lang avec M le Maudit... L'effet est souvent plus violent qu'une coupe sèche : c'est exactement comme si les projecteurs s'éteignaient sur un moment qu'il est inutile de montrer. Pourtant, on attend souvent plus de la part des séquences, comme si le temps de leur développement était soudain avorté à la faveur d'une ellipse temporelle/spatiale, d'un souffle, d'un détournement désintéressé ou pudique du regard.
D'ailleurs, quelque chose manque dans Sils Maria, à la fois une sorte de profondeur et une sorte d'éclat, qui pourrait me faire dire de ce film qu'il est une étincelle. Et, malheureusement, je ne sais pas encore quoi...