On ne peut pas vraiment dire que la carrière de Scott Derrickson soit un sans faute. Après avoir débuté comme scénariste de franchises sur le retour (Hellraiser 5, Urban Legend 2), il réalisera le plus personnel L’Exorcisme d’Emily Rose suivi du vraiment pas très bon Le jour où la terre s’arrêta. Son nouveau métrage, Sinister, présenté comme LA sensation horrifique « found footage » 2012 par les « producteurs de Paranormal Activity et Insidious » n’a de fait que peu d’atouts pour séduire. Et pourtant, dès les premières minutes du film, force est de reconnaître que l’on se retrouve immergé dans la vie de cette famille nouvellement installée en Pennsylvanie.
Ce déménagement forcé, ils le doivent au père, Ellison Oswalt. Ecrivain d’enquêtes policières controversées, le succès semble l’avoir abandonné depuis quelques années. En faisant la lumière sur la disparation d’une enfant dont toute la famille a été retrouvée pendue dans la maison qu’il occupe à présent, ce dernier espère donc enfin retrouver sa gloire d’antan. Des pistes se dessinent rapidement, en particulier la découverte de bobines Super 8 contenant toutes les images de ce qui s’avèrent être des meurtres en série. Meurtres aux explications par ailleurs pas vraiment rationnelles.
Personnage ambigu, avide de notoriété au détriment du bien-être de sa famille, Ellison – excellemment interprété par Ethan Hawke – joue pour beaucoup dans l’intérêt du film. A la fois effrayé par ses découvertes progressives des bandes magnétiques, il ne peut s’empêcher de les passer en boucle pour trouver de nouveaux indices et, peut-être, pour épancher certains de ses instincts voyeuristes. Lorgnant explicitement du côté de Shining, Derrickson arrive à distiller une ambiance de plus en plus claustro grâce à cette baraque aux couloirs sans fin où la folie semble gagner du terrain sur le mental d’Ellison. L’efficacité du film dépasse alors les simples « jump scares » pour nous pousser vers une paranoïa grandissante sur fond de mythes ancestraux.
Malheureusement, l’utilisation d’une bande son tapageuse gâche une bonne partie de la tension. Tout comme le placement excessif de produits Apple n’aide pas à sa crédibilité… Et si quelques idées de réalisation font mouche (la répétions des scènes de visionnage par exemple), l’ensemble reste visuellement trop formel pour permettre à Sinister de satisfaire ses ambitions. Avec un final qui ose aller au bout de son idée initiale (dernier plan excepté), on regrettera alors que le réalisateur refuse la plupart du temps de s’éloigner des sentiers battus des productions horrifiques en nous livrant un film certes efficace, mais d’un classicisme un peu décevant.