Voilà un film de genre que l'on commence sans trop d'attentes particulières si ce n'est celle de frissonner au moins 2, 3 fois lorsque après un long plan séquence, une image furtive accompagné d'un bruit soudain apparaît à l'écran, tout en réussissant à continuer à croire à une histoire mainte fois exploitée, bref, le genre de film auquel on demande juste de faire son job de film d'horreur, mais sans en espérer d'avantage.
Tout commence donc selon un schéma convenu : un écrivain, travaillant sur un livre retraçant les évènements tragiques survenus dans une petite ville du middle west américain - la mort par pendaison de l'ensemble d'une famille excepté une fillette, depuis disparue - décide d'emménager avec sa famille dans la maison où ceux-ci se sont déroulés, afin de mieux s'imprégner du contexte et dans l'espoir d'y trouver des indices qui aurait échappés à la police. Le synopsis type du film d'épouvante.
Cet écrivain, incarné par Ethan Hawke, découvre dans le grenier de sa nouvelle demeure, une boîte contenant des bobines de super 8 ainsi qu'un projecteur. A partir de là, le film s'emballe. Clin d'œil malicieux au found footage, mise en abîme du spectateur regardant quelqu'un regardant ces fameuses bobines trouvées (traduction littérale de found footage), ce procédé amène les scènes les plus terrifiantes du film et l’on commence à se dire que Sinister risque de nous faire passer un moment de cinéma plutôt angoissant.
Et en effet, Sinister est un film éprouvant, où l’on attend les moments de chute de tension avec impatience afin de pouvoir respirer un peu. Le travail sur l’environnement sonore mérite tout particulièrement d’être salué. Les musiques et sons choisis pour épicer le film sont surprenants et contribuent à conserver le spectateur dans un état de malaise, dont seul le mot fin pourra l’en faire sortir.
Scott Derickson, le réalisateur du film semble s’y connaitre en termes de film de genre. C’est à la fois sa force et sa faiblesse.
Sa force car Sinister, film très référencé, arrive à nous faire penser à Shining lorsque l’on comprend que malgré les évènements étranges qui se multiplient tout au long du film, Ethan Hawke, comme hypnotisé par le livre sur lequel il travaille, préfère s’enfoncer dans sa quête d’écrivain, plutôt que de fuir comme devrait lui dicter son bon sens ou comme le demande sa famille qu’il met d’ailleurs délibérément en danger en ne cherchant pas à s’éloigner des évènements.
Sa faiblesse car Scott Derickson ne s’épargne pas les procédés un peu gadgets du film d’horreur pour faire sursauter le spectateur. Bien qu’il n’en abuse pas non plus, le film aurait certainement gagné à en être totalement épuré. L’atmosphère générale est suffisamment angoissante pour faire de Sinister un film d’horreur basé sur l’ambiance - et notamment l’ambiance sonore qui répétons-le est parfaitement réussie – dans la même veine que le nouveau cinéma de genre espagnol. La fin est également trop démonstrative.
Mais en dehors de ces quelques bémols, Sinister reste un excellent film d’épouvante, réellement effrayant qui fait passer un moment de cinéma éprouvant, dans le bon sens du terme. Il va donc bien au-delà des attentes exprimées au début de l’article pour sortir bien au-dessus du répertoire des films d’horreur américains habituels et atteindre des sommets de peur comme l’on n’en voit pas si souvent au cinéma.

BasileRambaud
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le 6 sept. 2015

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Basile Rambaud

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