Autant le premier Sinister faisait office de profession de foi, de porte d'entrée dans le cinéma d'horreur, autant ce second effort est une pauvre flaque sans nom. De sang de préférence. Ou pas.


Pêle-mêle, on se tape le Super 8 qui fout les jetons, la musique sur un gramophone que même mes grands-parents en ont jamais connu de comme ça, les enfants enlevés, le méchant fantôme, la famille désunie, les jumeaux, le flic paumé... Bref, c'est du gros poncif, c'est vu, revu, chauffé, réchauffé, bouilli, frit, poêlé. C'est plus trop frais mais si c'est bien assaisonné on peut en tirer quelque chose de potable. Ça sera pas de la grande cuisine mais voilà. Si on a vraiment la dalle, ça passe.


Premier bémol : plus je regarde l'affiche, plus je vois un singe qui a la rage que la méchante entité malsaine du film. C'est pas génial pour la crédibilité, hein. Mais bon soit, c'est du détail. Mais n'empêche qu'on se croirait dans La Planète des Singes, bon Dieu.


Le pitch. Le pitch. Première scène : on a une personne qui brûle façon scarecrow. C'est chaud (sans mauvais jeu de mot). Nan parce que, voilà, l'épouvantail dans le champ, c'est du gros bourrin. C'est vu et revu, c'est fait pour éloigner les corbeaux, donc par métaphore, la mort. Donc, si on suit ce raisonnement, il est absurde de mourir en représentant quelque chose qui est sensé éloigné la dévastation. Encore que ça peut avoir son intérêt. Mais ici, non. C'est juste pour faire du sensationnalisme éhonté, le plaisir de faire brûler des gens pour faire brûler des gens. Voilà.


Ah oui le pitch (spoiler inside). Alors en gros, c'est une mère célibataire qui est obligée de se cacher de son mari abusif et violent et qui va habiter dans une maison à la campagne. Jusque là, rien de bien étonnant puisque tous les hommes qui frappent leur femme et leurs gosses sont des connards et qui méritent de se retrouver cloué sur un pied d'épouvan... oh wait. Oh no.


Le pitch est assez synthétique, pas besoin d'avoir fait physique quantique pour comprendre (TU NOUS ENTENDS MOFFAT TU NOUS ENTENDS ?!). Les enfants sont perturbés, la base, la maman répare des chaises et des tables dans une église abandonnée juste derrière la maison. Le cadre est bucolique, c'est joyeux. Et là, c'est le drame. Tout fout l'camp. On se retrouve avec des enfants fantômes qui squattent la cave, qui s'éclatent en regardant des vidéos de meurtres de masse qu'ils ont commis (ils ont buté leur famille les gars). Et tous les soirs, Dylan se retrouve au milieu de cette joyeuse bande pour mater leurs exploits passés.


C'est là qu'intervient la gémellité tant attendue ! Les jumeaux, qui ne sont pas super semblables quand on y regarde à deux fois, sont encore plus différents dans leur comportement. C'est d'ailleurs très bien explicité quand... Oui non, encore du spoil. Useless spoil. Bad bad spoil. Bref, les jumeaux se prennent la tête, se mettent sur la gueule et échangent littéralement leurs rôles. Voilà. En gros, le gentil jumeau était pas à sa place et vice-versa.


En fait, le premier Sinister était plus terrifiant à bien des égards. Pour être plus juste, il était moins paresseux sur le fond (si je me souviens bien) et sur la forme (c'est limite si y'a pas un schéma intro-couplet-refrain-couplet-refrain-solo-couplet-refrain-outro qui s'installe dans ce second opus). On tire sur les ficelles les plus épaisses possibles. On bourre le cliché du film d'horreur dans la plus petite case possible et on fait beaucoup de bruit avec des gros sabots. Voilà.


PS : C'est pas en collant un masque de Mick Thompson sur le méchant qu'il va faire plus peur que d'autres méchants. Parce que Mick Thompson il aime les chats et la pêche.
PS 2 : Je sais pas pourquoi j'ai mis 3, y'a rien à sauver dans ce film.

Créée

le 9 févr. 2016

Critique lue 422 fois

Lucas Hueber

Écrit par

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