Première réalisation encourageante

Des films sur la prostitution, Hong Kong en a produit à la pelle. Des films sur l’amitié au sein d’un groupe de filles, Hong Kong en a produit quelques-uns. Des films sur l’homosexualité féminine, Hong Kong en a produit un peu. Des films qui combinent tous ces sujets par contre, c’est de l’inédit. C’est bien ce que propose en tout cas ce Sisterhood, deuxième réalisation de la jeune macanaise Tracy Choi.


Sei (Gigi Leung) mène une vie rangée à Taiwan à gérer un gite avec son mari (Li Li Ren). Un jour, elle apprend la mort de son amie Ling. Elle se rend à Macao pour retrouver le fils de cette dernière. En revenant dans la ville qu’elle avait quittée il y a plus de 15 ans, elle se remémore le début de leur amitié et comment leur relation évolua.


Tout en douceur


La plus grande partie de l’action de Sisterhood se passe dans le monde des salons de massage du Macao des années 1990. L’univers de la prostitution n’est pas quelque chose de nouveau dans le cinéma de Hong Kong comme on l’a dit plus haut. Mais le plus souvent, ce sont des réalisateurs masculins qui en traitent avec ce que cela implique d’érotisation et de vulgarité. L’approche du sujet par Tracy Choi est totalement différente. Les rares fois où elle montre ses protagonistes dans leur activité professionnelle, c’est en privilégiant les temps morts, quand elles se reposent ou socialisent entre elles. La réalisatrice préfère les montrer dans leur vie de tous les jours, les moments simples qu’elles partagent autour d’un repas ou à regarder la télévision. Cette orientation pudique se retrouve à tous les niveaux du récit. Et tout particulièrement quant à la question de l’homosexualité des protagonistes principales. Constamment sous entendue, elle n’est jamais clairement affichée. Comme si Tracy Choi préférait laisse le spectateur libre de sa propre interprétation sur la question. Cette dernière porte en tout cas un regard tendre et délicat sur ses personnages. Ceux-ci ne sont jamais jugés. Le choix de situer l’action dans le Macao des années 90 s’accorde bien au ton de l’histoire. L’atmosphère détendue de ce qui était encore une colonie portugaise permet de conférer au film un spleen envoutant.


C’est la ouate


Cette ambiance douce a de nombreuses qualités mais porte en elle ses propres défauts. Le rythme est logiquement lent et peut faire tomber dans l’ennui ceux qui ne parviennent pas à s’attacher pleinement aux personnages. L’accent mis sur la relation entre Sei et Ling se fait également au détriment de celle qui devrait se créer avec Lok. Si bien que les séquences entre le fils de Ling et Sei semblent étrangement dénuée de l’émotion auquel on aurait pu s’attendre. Dans le rôle de Sei, Gigi Leung, l’actrice la plus connue au casting, donne une prestation en demi-teinte. Elle semble souvent en pilotage automatique, comme éteinte, mais réussit à atteindre les notes de jeu nécessaires dans les séquences les plus dramatiques. Heureusement, les jeunes actrices interprétant les quatre amies masseuses sont-elles pleines de vie et compensent sans problèmes les quelques déficiences de la star principales du film. A noter également, un bon second rôle de Teresa Mak, ancienne égérie de la série Z vaguement érotique hong kongaise dans les années 2000.

Palplathune
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le 17 déc. 2019

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