Quête de liberté (et de maternité) (et de spiritualité)

Ce film est présenté comme un road-movie, mais c'est une définition un peu légère compte tenu des thèmes qui sont abordés. Certes le personnage est en vacances et prend la route, mais ça ne suffit pas! Alors, le thème est-il l'amour, la maternité, la quête de liberté et de sens à sa vie ou un peu des trois ?

Au début elle est avec son mari, dans un endroit plutôt désertique et sauvage des Etats-Unis où il y a peu de touristes. Elle est enfermée dans la relation toxique avec son mari qui ne semble pas apprécier le trip nature mais qui se force pour tenter de renouer avec sa femme alors que c'est pratiquement mort. Accessoirement c'est un gros gros mufle.
Elle se libère de lui en pensant l'avoir tué, donc elle s'enferme pendant 3 jours dans cette idée et loue une voiture en évitant la police comme une vraie gangster qu'elle n'est pas du tout. Mais la culpabilité la ronge, donc elle prend des nouvelles du mari et il n'est pas mort, sinon on serait bons, ce serait un thriller et pas un road movie.
Donc pas d'inspecteur super smart pour mener une enquête tambour battant et nous faire pleurer parce que la belle serait une tueuse. Rien, même pas de fouille indiscrète sur sa vie de couple moribonde. S'ensuivent des scènes qui n'ont pas trop d'intérêt pour la suite du film.
De là en effet point road movie, elle se déplace en stop pour atterrir à Las Vegas où elle prend le premier plan foireux qui se présente, ce qui la conduit à une grosse grosse love story. L'amour est-il le thème principal du film? En fond, se dévoile une des grandes souffrances du personnage principal, Romy, jouée par Diane Kruger qui n'en peut plus d'être belle, elle est vraiment magnifique. Donc sa souffrance magnifiée par la beauté de l'actrice: spoil, elle ne peut pas avoir d'enfant. Une maternité frustrée. Le personnage avance vraiment en fonction de ses émotions, on sent qu'elle prend ses décisions en écoutant son instinct et son cœur.
Elle sort d'une longue relation qui l'a enfermée dans quelque chose qu'elle n'est pas et dans laquelle elle n'a pas concrétisé son désir de maternité. Elle pense donc que l'amour ça ne lui sert à rien et veut trouver son bonheur dans autre chose, mais elle ne sait pas vraiment quoi puisqu'elle cherche.
Elle cherche un but à sa vie, un état qui lui semble combler ses aspirations, qui restent toujours très simples: elle veut flotter. C'est là que le film bascule et repart sur la love story. On voit la rencontre entre ces 2 personnages un peu désespérés et l'amour naît à l'écran, c'est la vraie beauté du film. C'est très bien porté par les deux acteurs, l'alchimie entre eux crève l'écran et qui a vécu ce sentiment d'amour qui vous tombe dessus comme les chutes du Niagara pourra revivre cette sensation irrésistible avec ce film.
En cela, c'est vraiment un bijou.
La suite de l'histoire n'est pas rose, elle est même plutôt noire, mais ce sentiment amoureux perdure et crée le ressort tragique de l'histoire, qui n'a absolument aucun ressort comique par ailleurs, car leur idylle doit se terminer rapidement, heu, pour des raisons de santé. Ça fait un peu une fausse excuse comme ça, mais c'est vrai, l'amoureux doit mourir et vite.
En filigrane, il y a toute la spiritualité portée par la grand-mère indienne. Une vie est prise pour qu'une autre s'éveille.
Et finalement, la radiographie sociale de l'Amérique contemporaine dans cet endroit désertique prend pas mal de place. On voit des êtres peu fortunés, mais qui s'épanouissent dans leur vie et ce qu'elle leur apporte, comme avec la scène du coup de poing où l'amoureux casse la figure à un mec qui a vanné la belle après avoir été débouté: "mettre quelqu'un ko c'est vivre pleinement sa vie". C'est aussi un plaidoyer sur la restriction de liberté de nos vies étriquées, nous qui traversons toujours dans les clous.
Si on est sensible à ce niveau de réflexion qui est enfoui dans les détails du film, c'est un beau film, sinon, on peut s'ennuyer un peu! Loin des scénarios commerciaux, c'est une intrigue entrelacée de grandes thématiques contemporaines. On le voit pas tout de suite, les personnages donnent à penser tout ça avec douceur. 20/20!