Et si le teen movies renaissait enfin de ces cendres, après plus d'une décennie à subir les outrages d'une vague de potacherie aigu et de dystopie adolescente qui a du faire faire des loopings dans sa tombe au vénéré et regretté John Hugues.
Depuis environ deux an, force est d'admettre que l'on serait franchement tenté d'y croire.


Si quelques comédies bien grasses trouvent de temps en temps notre clémence (le jouissif Projet X), tout autant que les adaptations littéraires aventuro-SF pour boutonneux (la saga Hunger Games, La Stratégie Ender et Le Labyrinthe premier du nom), le cinéma indé US aura surtout su nous surprendre de la plus belle des manières avec des péloches finement scriptés et ayant toutes - ou presque - fait leurs gammes au sacro-saint Festival de Sundance.


The Perks of Being a Wallflower (Le Monde de Charlie), The Way, Way Back (Cet Été-Là), The Spectacular Now, The Fault in Our Stars (Nos Étoiles Contraires), White Bird in a Blizzard (White Bird) et l'an dernier Paper Towns (La Face Cachée de Margo), Dope et le merveilleux This is not a Love Story; tous ont réussi à redorer le blason du genre de la plus belle des manière.


Et ce n'est pas le tout aussi sympathique Sleeping Giant qui va contrecarrer cette bonne tenue, bête de festivals (primé à Toronto et au Festival Du Grain à démoudre, sélectionné à Cannes et nommé aux Canadian Film Awards) mise en boite par Andrew Cividino, dont c'est le premier passage derrière la caméra - il est également scénariste et producteur de la chose -; lui qui adapte en long son court-métrage du même nom primé à Locarno en 2014.


Ambitieux, le film qui s'inscrit dans la droite lignée du merveilleux Stand By Me mais également des teen movies indé et dramatique du grand Gregg Araki, est sans l'ombre d'un doute l'un des plus beaux et émouvant film qui nous aura été donné de voir durant ce pourtant très riche premier trimestre de l'année ciné 2016, tant il sort du lot de part sa simplicité et sa sincérité.


Sleeping Giant suit l'histoire du très timide et réservé Adam, qui passe les vacances d’été avec ses parents sur le lac Supérieur.
Sa routine vole en éclats lorsqu’il rencontre Riley et Nate, deux cousins très sûrs d’eux et un brin énervé par la vie, qui occupent leur temps libre entre débauche et sauts du haut des falaises.
La révélation d’un secret douloureux oblige Adam à agir de façon irréversible, ce qui mettra à l’épreuve les liens d’amitié entre les trois adolescents et les changera définitivement...


Habile mélange des genres qui évite les écueils facile de la chronique adolescente dramatique, suivant au pied de la lettre les codes du genre cher au regretté John Hugues (jusque dans la B.O. folk dominé par les excellents Arcade Fire) et porté par de jeunes comédiens criant de naturel (et déjà de vraies gueules de cinéma à part entière), le premier long métrage d'Andrew Civino est un beau drame sur la difficulté du passage à l'âge adulte, réaliste jusqu'au bout des ongles et abordant une pluie de thèmes majeurs (de l'adultère au mensonge en passant par la trahison et les premières débauches, sexuels, ou avec l'alcool et la drogue).


Touchante et honnête épopée adolescente sur une amitié aussi forte et complexe que tragique au sein d'un cadre majestueux (la région des Grands Lacs), la péloche retranscrit à merveille le quotidien loin des clichés et complexe d'un ado lambda et bourré de défauts, filmé avec pudeur et empathie à tel point qu'il est difficile de ne pas s'identifier aussi bien à Adam qu'à Nate ou même Riley; tous plus attachants les uns que les autres et flamboyant dans leurs faiblesses.


S'il est un poil écrasé par ses références (Stand By Me en tête, tant le film transpire l'hommage révérencieux de tous ses pores, le cinéma de Larry Clark - en moins subversif -, ou encore les clips de Spike Jonze, qui a d'ailleurs déjà bossé avec Arcade Fire), une certaine pudeur dans son traitement ou même un certain manque d'émotion malgré le virage plus grave prit par son récit dans le dernier tiers; Sleeping Giant n'en est pas moins un beau moment de cinéma agréable et prenant.


Un premier film aussi charmant et poétique qu'il est parfois douloureusement amer, qui ne révolutionnera pas le genre du teen movies mais qui apportera joliment sa pierre à l'édifice, tout simplement.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2016/02/critique-sleeping-giant.html

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le 3 févr. 2016

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