Tim Burton joue la carte horrifique en rendant hommage à Mario Bava et à ses pairs de la Hammer, grâce à un conte macabre en rouge et noir.

Dès l'introduction, Tim Burton plonge le spectateur dans son univers. Un carrosse fuit dans la nuit. Martin Landau (inoubliable Bela Lugosi de « Ed Wood ») se fait décapiter par un spectre sorti d'outre-tombe, sous les yeux malicieux d'un épouvantail rappelant immanquablement Jack Skelington de « L'étrange Noël de Monsieur Jack ». Aucun doute n'est permis, « Sleepy Hollow » possède la marque de fabrique de Tim Burton. Dès lors l'intrigue est lancée.
1799, New-York. Ichabod Crane (Johnny Depp), fin limier aux méthodes scientifiques mal vues par ses supérieurs, est envoyé à Sleepy Hollow, petit village perdu au bord de L'Hudson et théâtre de quatre meurtres atroces. A son arrivée, les personnalités les plus affluentes de la région expliquent au jeune policier, que leur bourg est la cible d'un cavalier sans tête (Christopher Walken) hargneux qui passe son temps à découper celle des autres. Mais Ichabod ne veut rien entendre de ces superstitions. Il commence une enquête rigoureuse en autopsiant les cadavres, dont les têtes ont disparu, avec des outils de sa propre fabrication. Il découvre une sombre histoire d'héritage impliquant les plus hauts dignitaires de Sleepy Hollow. Mais un soir, il se retrouve face à ce démon. Ses théories partent en fumée et le fantôme de sa mère (Lisa Marie) vient le hanter. Avec l'aide du jeune Masbath (Marc Pickering), fils de l'une des victimes, et Katrina Van Tassel (Christina Ricci), fille du plus riche propriétaire du coin, il s'enfonce dans la légende du cavalier sans tête.
Pour mettre ses techniciens et ses comédiens dans l'ambiance du tournage, Tim Burton leur conseille de voir « Black Sunday » de Mario Bava, « Le bal des vampires » de Roman Polanski et les films d'épouvante de la Hammer.. L'hommage direct à cette société de production britannique des années 50-60 est incarné par la présence de Christopher Lee (indémodable « Dracula » de la Hammer) dans le rôle du juge qui envoie Ichabod Crane à Sleepy Hollow. Le cinéaste utilise à merveille ses inspirations dans un conte macabre, sombre et non dénué d'humour.
Macabre, car la mort est au rendez-vous de chaque scène. Elle est traité de manière dramatique et constitue le personnage principal du film. Sous les traits d'un cavalier décapité sanguinaire, elle est l'ennemie des protagonistes en même temps qu'elle fascine le spectateur par son aspect théâtral et visuel, rendu par des effets spéciaux réalisés la plupart du temps en direct sur le plateau.
Sombre, car la musique de Danny Elfman amplifie la noirceur du récit. Une nouvelle fois, le compositeur attitré de Tim Burton réalise des prouesses. Il sait se faire discret et romantique, sans ne jamais sombrer dans la guimauve. Ses cordes passent sans transition de la douceur à l'oppression. Il ponctue l'action par une orchestration puissante où les cuivres soutenus par des percussions sourdes et brutales déchirent les mélodies chorales. Il en résulte une partition à la fois romantique et gothique.
L'humour, car le personnage de Johnny Depp est traité de manière surprenante. Tim Burton n'en fait pas un héros sans peur. Au contraire Ichabod Crane se manifeste souvent par sa couardise. A plusieurs reprises, alors que le danger est tactile, il se protège en se réfugiant derrière ses infortunés compagnons. Johnny Depp s'acquitte de son rôle en surjouant de façon intelligente et drôle : il faut le voir prostré dans son lit le lendemain de sa rencontre avec le cavalier.
Avec « Sleepy Hollow », Tim Burton évoque la grande faucheuse entre romantisme, action et humour... noir il va de soi.
RemyD
8
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le 16 oct. 2010

Critique lue 301 fois

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