C'est une étrange histoire puisqu'elle se passe dans un pays lointain mais que son fil conducteur est un jeu connu dans le monde entier.
Dès lors le spectateur a la curieuse impression d'être à la fois très loin et très proche du héros.
Depuis son enfance dans les bidonvilles de Mumbai, Jamal cherche Latika, une jeune orpheline dont il est amoureux. C'est une quête, avouons le, sans grand intérêt. Il s'agit uniquement de fournir un fil conducteur au héros.
En fait nous assistons à un triple récit:
le passé du héros dans une misère et une pauvreté atroce (cliché ou reflet de la réalité, je n'en sais rien, mais c'est efficace), sous la forme d'un flash back pendant que ...
le jeune héros est interrogé par une police locale violente, accusé de tricher à Qui veut gagner des millions, et qu'il va justifier sa connaissance des réponses par des épisodes de sa vie ...
et le jeu lui-même, ces questions que nous connaissons bien avec leurs quatre réponses possibles, pendant que l'engouement pour ce jeune serveur de thé fait naturellement monter la tension dramatique, comme ça se produit dans la réalité ...
Bien entendu, il s'agit d'une critique de la société indienne, classique dans la description de la misère, plus originale dans la dénonciation du mépris de classe notamment celui d'un odieux Jean Pierre Foucault local.
En fait, dans son malheur, le héros a de la chance. Il connait les réponses parce que le hasard de la vie lui a permis de savoir ce qui normalement doit être le fruit d'une importante culture générale. Les leçons à en tirer sur ce que nous apprenons de la vie sont évidentes ...
Tout cela est filmé sans génie mais avec suffisamment de rythme pour soutenir l'intérêt. C'est à la fois naïf comme à Bollywood et universel par les réflexions proposées sur les méandres du destin.
C'est un bon divertissement, servi par de bons comédiens qui me sont inconnus.
Mais ce que j'en ai retenu le plus se trouve dans les questions elles mêmes, formidable illustration de la relativité des cultures. Les premières nous sont incompréhensibles, faisant référence à la culture indienne locale, mais quand vous écouterez la dernière, vous en tomberez peut-être de votre fauteuil parce que la plupart d'entre nous Francophones connaissons la réponse. Et pourtant c'est un film britannique donc cette dernière question ne nous est pas a priori destinée. Merci Danny Boyle pour cette leçon passée un peu inaperçue au milieu de belles et grandes idées qui me paraissent un peu convenues.
Je ne connais pas le livre et il semble bien que ce soit un avantage pour profiter du spectacle, surtout que la scène finale est là pour nous rappeler qu'on était bien à Bollywood.