Père des « Gremlins » et de « Panic sur Florida Beach », Joe Dante retourne progressivement aux sources en proposant une parodie de films de guerre, tout en croisant l’intrigue avec « Toy Story ». On flirte avec différents niveaux de métaphores, adoptant une démarche sobre et divertissante, tout en conservant un cadre familial. Les plus jeunes, comme les plus expérimentés trouveront leur compte dans cette chimère, source de réflexion. La notion de violence prend nouveau sens lors de l’éducation, et c’est cette même éducation, que l’on qualifie de culture chez certaines nations. On vise intentionnellement à traiter les nuances à travers le premier outil de divertissement que l’enfant prendra comme exemple ou développera son énergie à forger son caractère, à la fois actif et passif.


L’intrigue soulève ainsi des soucis liés à la période d’après-guerre du Vietnam, bien que l’on puisse extrapoler à d’autres conflits où le capitalisme souhaitait imposer sa culture et sa domination. Les seuls qui continuent le combat sont le marché des jouets dans le monde. Le marketing qui en découle reste le principal motivateur, chez les jeunes, avides d’actions et de violence à outrance. La mise en abyme des enjeux du merchandising en profite alors pour contrer la culture d’une nation contre elle-même. Le jeune Alan Abernathy (Gregory Smith) hérite de jouets soldat dont on retranscrit aveuglément les ambitions les plus simples. Le Major Chip Hazard campe derrière la rigidité d’un système autoritaire et militaire. Il suit le modèle idéal d’une campagne de guerre, d’une propagande huilée à la hauteur de son emballage. Sa némésis, Archer est une créature qui se révèle pacifique dans l’âme. Il défend la cause d’une liberté que les siens revendiquent. Leur lutte est intemporelle et vise avant tout à critiquer les méfaits de la conformité.


Si le jeune Alan reste perdu dans son univers adolescent, il en va de même pour la gente féminine, où Christy Fimple (Kristen Dunst) présente toutes les faiblesses et la naïveté de sa condition. Cloîtrée dans son monde esthétiquement teinté de couleurs vives, elle découvre une peine qui l’obligeait à se retourner contre son mode de vie. Il vient un moment où nous sommes confrontés à nos habitudes et nous devons les laisser derrière nous pour pouvoir mûrir. La guerre est ce stimulus, forçant la mutation à s’accélérer. Personne ne devient « grand » par la guerre mais il est approprié de se questionner sur la maturité à acquérir pour pouvoir y survivre. Les enjeux sont de taille et entre en conflit avec de nombreux mœurs. Il n’y a que ces situations extrêmes qui permettent le recul nécessaire pour enfin se rendre compte de la valeur d’une vie.


Les gorgonites appréhendent leur souffle de vie comme êtres saints et respectueuses de la nature, contrairement aux soldats, figés dans leur idéal appauvri en crédibilité au fur et à mesure que l’aventure prend forme. On préfère rebondir sur de l’action, hommage à de nombreuses œuvres passées, plutôt que de revêtir le pamphlet de martyrs de la guerre. C’est avec autodérision que l’on découvre cet aspect décalé que les Gremlins apportaient autrefois. Si l’imaginaire n’intervient que dans le soutien moral de l’évasion, étroitement lié à la culture Américaine, on ne tient pas à se prononcer davantage sur le sujet. Sur le même tempo que Jerry Goldsmith, le spectateur entrouvre alors des portes à la fois nostalgiques et significatives de l’Histoire de l’Homme et sa domination sur le plan matériel et moral.


Si le scénario n’est pas le point fort de « Small Soldiers », le concept reste plus captivant. On y dépeint toute une satire de la société Américaine, consommatrice comme jamais, une référence qui difficile à enterrer. La part humoristique tourne surtout autour de l’approche et de la lecture universelle des propos. Le message est indirect, malgré les aspects guerriers qui en découle, car le discours soutient des possibilités de rééquilibre. Pas de dénonciation sans contre-arguments, l’œuvre présente tous les intérêts afin de mieux comprendre les nuances de l’influence médiatique et marketing d’un quotidien qui guide inconsciemment nos pensées.

Cinememories
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le 9 déc. 2017

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