Petite intro et gros disclaimer qui va faire jaser : je trouve de Palma globalement assez surestimé, qu'on aime beaucoup porter aux nues alors que bon. Ca reste un réalisateur qui adore les grosses ficelles, les raccourcis fastoche, les demoiselles en détresses et les méchantes madames avec des gros seins et le formalisme un peu gratuit. C'est pas trop un mec de la subtilité quoi. (OUI je sais c'est pas non plus Oliver Stone)
C'est malgré tout un metteur en scène qui ose beaucoup de choses, à l'image d'un Carpenter ou d'un Cronenberg, c'est un gars qui aime jouer avec les codes, la technique, les références, et qui n'a pas peur d'être généreux. Et dieu sait que c'est rare.
Il y a des très hauts et des très bas, parfois dans le même film. Ce qui m'a poussé a en regarder beaucoup et à souvent être un peu perplexe : "mais il est est sérieux ou il se fout de notre gueule?"
Bon bref, depuis toujours j'ai un petit rapport amour/haine avec cette personne que je ne connais pas.


Snake eyes, j'en ai quelques souvenirs TV pendant mon adolescence mais c'est mon amour pour Nicolas Cage qui m'a poussé à le revoir. Et je n'ai pas été déçue.
Le choix de Cage dans le role du flic bourrin, hypomane, ultra violent est absoument parfait. Si vous voyez le film, je vous dirait que c'est un choix qui dépasse le sujet du film même, un acte un peu "méta", à l'époque où le présence même de Cage dans un casting présageait la caricature, un énième film où il serait le centre d'un ballet hystéro et jetable.
Car le sujet des Snake Eyes est avant tout un jeu des apparences. On connait l'amour de de Palma pour Hitchcock et pour moi, il est son hommage le plus réussi, son Homme qui en savait trop.
Cage donc, donne tout, dans son pire et son meilleur, parfaitement dirigé, rien n'est jamais gratuit.
De Palma au top de sa mise en scène, utilise comme jaja son "oeil caméra".
Subjectif : peut être sa meilleur performance de caméra subjective, utilisé à si bon escient, avec tant de brio, il m'a cassé le cerveau. On retrouve là son amour pour le JV, terrain de jeu de la caméra.
Omniscient : Virtuose caméra volante, plan séquence zénithal (chouré sans vergogne par Spielberg dans Minority Repport), larges plans chorale, souvenirs... l'art de vous donner toutes les réponses sans jamais vous le dire.
Technique (mon petit péché mignon) : Brian de Palma, docteur ès filmage d'écran, donne ici toute la profondeur de l'image de surveillance, militaire. Déshumanisante, à la fois trompeuse et révélatrice.
Les points de vue se mélangent, les images, les personnages, les dialogues, les apparences se contredisent. On ne sait plus qui croire, que croire, on ne sait pas si les images nous mentent et jouent avec notre imaginaire.
Pur film post Guerre du Golfe (on oublie à quel point elle à marqué le cinéma américain et les imaginaires!) paranoïaque, complexe, désillusionné, Snake Eyes est un jeu de symboles et de vision, jusque dans son générique de fin.


Bref un grand film, de de Palma.


TL;DR : 8/10, Nicolas + Brian = <3

ALeuchat
8
Écrit par

Créée

le 23 avr. 2020

Critique lue 126 fois

1 j'aime

ALeuchat

Écrit par

Critique lue 126 fois

1

D'autres avis sur Snake Eyes

Snake Eyes
Docteur_Jivago
7

Faux-semblants

La séquence d'ouverture de Snake Eyes donne déjà le ton, Brian De Palma veut en mettre plein la vue et met en scène une folle entrée dans un Palais des Sports, filmée en plan séquence, avec une...

le 21 janv. 2021

32 j'aime

3

Snake Eyes
Velvetman
7

Amérique sous images

Avec Snake Eyes, Brian De Palma affiche sa virtuosité visuelle sur tous les pores de son œuvre. Virtuosité tellement grandiloquente, qu’elle prend le pouls de son récit. Missile sur l’image...

le 9 juin 2018

28 j'aime

1

Snake Eyes
Ugly
7

Un ballet de corruption et de trahison

Le brillant réalisateur de Mission impossible parvient à sublimer un scénario conventionnel en forme de puzzle par une mise en scène virtuose et inventive, dont on retient le long plan-séquence...

Par

le 15 nov. 2018

25 j'aime

6

Du même critique

Downsizing
ALeuchat
7

"Il faut cultiver notre jardin"

On peut difficilement faire moins accrocheur qu'un film d'Alexander Payne avec Matt Damon sur des gens qui rétrécissent. Autant dire que je n'en attendais pas grand chose. Et puis la bande annonce...

le 12 janv. 2018

25 j'aime

2

Valérian et la Cité des mille planètes
ALeuchat
4

Deux petits cons dans l'espace.

J'aurais presque de la peine d'enfoncer encore un peu plus le clou sur le crâne de Luc Besson. Mais il faut dire ce qui est : Valérian ne fait pas son job. Les premières séquences donnent plus ou...

le 27 juil. 2017

16 j'aime

2

The Player
ALeuchat
5

Trop facile

Une scène d'intro brillante, un plan séquence de fou furieux et des dialogues improvisés, une camera qui s'attarde sur les bon éléments au bon, un timing parfait. Le décor est planté, on est prêt a...

le 28 févr. 2017

16 j'aime

2