Rubik's Man
Si Oliver Stone a réussi à marquer les esprits avec des films comme Platoon, Wall Street, JFK ou encore le sauvage Tueurs nés, cela fait quelques années maintenant qu'il ne cesse de décevoir le...
Par
le 11 nov. 2016
23 j'aime
J'ai juste envie d'aller me rincer les yeux avec Citizen4. Qu'est-ce que c'est plat. Mais plat. Comment peut-on faire un film aussi monocorde et se planter à ce point avec toute cette matière, dont Stone extrait le plus inintéressant ? Snowden a 29 ans à l'époque, aimerait-on rappeler au biographe présidentiel hollywoodien, il n'a pas la densité et le cuir d'un commandant en chef des Etats-Unis, et pourtant Stone s'obstine à vouloir capturer ce que Snowden n'est pas avec la rigueur catatonique de sa caméra. Tout héros que l'on soit, pour ses idées, ses actions, le charisme de JFK ou le charme de Bush ne vient pas se cueillir comme une pâquerette chez le premier lanceur d'alerte venu.
Forcément quand on passe autant à côté de l'essence de son personnage principal (Snowden est un symbole, pas un personnage politique), on se retrouve avec un biopic fadasse comme jamais. En fait l'erreur de base était sans doute, déjà, de décider de faire ce biopic. Citizen4 avait quasi-tout dit entre quatre murs, le hors champ se chargeait du reste. Voilà en réalité ce que nous propose ce biopic sans saveur : le reste, la backstory plan-plan qui veut nous faire croire que Snowden est ce quelqu'un d'ordinaire (il ne l'est pas) qui a chamboulé le jeu politique.
C'est simple pourtant, tout se passe dans cette chambre à Honk Kong, dans ce moment mythologique de la transmission du savoir de la source aux journalistes dont se nourrissent les démocraties moderne. Snowden est l'incarnation de la conscience libérale, la manifestation d'un système mal dans sa peau qui s'auto-régule, la personnification d'une idée bien plus large que celui qui la porte. Snowden c'est le saint-esprit citoyen, celui que les croyants de l'impératif moral affichent au-dessus de leur cheminée, collent sur des pancartes et embrassent le soir avant de réciter trois Déclarations des Droits de l'Homme et au lit. A trop jouer au parfait petit biographe - plus admiratif d'ailleurs que méticuleux - Stone oublie complètement que le hacker de génie du Maryland n'a jamais existé et n'existera jamais. Ni dans les consciences, ni dans les livres d'histoire. Snowden apparaitra avant tout comme le digne représentant d'une longue série de lanceurs d'alerte américains qui ont fait honneur à leur pays, de Daniel Ellsberg à Frank Serpico en passant par Jeffrey Wigand ou Chelsey Manning.
Et puis le déroulé des événements, on l'a tous vécu, on le connait par cœur, c'était en 2013, il y a trois ans. Il le sait ça Stone, non ? Et pourtant il en fait un simple exposé scolaire comme s'il récitait l'histoire de la guerre civile américaine d'il y a 150 ans. La seule information inédite et intéressante apportée par le film, à savoir que Snowden a été hébergé par des réfugiés à Hong Kong avant de s'envoler pour Moscou, est torchée en 1min30 (bonjour, oh elle est mignonne cette petite fille indienne, au revoir). 1min30 ! Alors que tout est là, dans la nouvelle apatridie de Snowden, le patriote. Dans ce déracinement tant redouté, cette abnégation, ce sacrifice d'un homme pour sauver les siens. Tout devrait être là, dans sa communion avec ces réfugiés, dans le salut temporaire trouvé chez les "autres" quand son pays le conspue sur toutes les chaines du câble, devant le Congrès et jusque dans le bureau Ovale. C'était, à n'en pas douter, le passage le plus cinématographique possible, celui dont on pouvait tirer le plus d'émotions et de sens. 1min30. Snowden est un véritable héros des temps modernes, il méritait mieux que ce gâchis.
Créée
le 6 déc. 2016
Critique lue 496 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Snowden
Si Oliver Stone a réussi à marquer les esprits avec des films comme Platoon, Wall Street, JFK ou encore le sauvage Tueurs nés, cela fait quelques années maintenant qu'il ne cesse de décevoir le...
Par
le 11 nov. 2016
23 j'aime
Pourquoi faire un tel film ? Quel est l'intérêt ? Il y avait le sympathique Citizen Four qui avait l'immense avantage d'être un documentaire et de montrer la réelle interview de Snowden... pourquoi...
Par
le 16 nov. 2016
14 j'aime
12
La prise de conscience d’un agent de la NSA sortant de l’ombre pour révéler au monde, en même temps que son identité, la peu reluisante facette des systèmes de cyber-surveillance mise en place par...
Par
le 1 nov. 2016
11 j'aime
2
Du même critique
La nostalgie, la souffrance, la peur, mais aussi le bonheur ou l'euphorie. Autant de sentiments qui puisent leur essence dans nos souvenirs. Parfois on s'amusera d'un brin de passé cocasse, à...
Par
le 6 juin 2013
37 j'aime
8
Ni No Kuni, c'est tout simplement un rêve, un rêve d'enfant. Celui que vous faisiez quand vous étiez gamin, où vous chevauchiez des dragons dans des mondes féériques l'épée à la main, secondé par...
Par
le 7 févr. 2013
30 j'aime
10
La frontière entre le mythe et la réalité, la série Tomb Raider en fait son fonds de commerce depuis un certain temps maintenant. Avec ce reboot, Crystal Dynamics choisit de réorienter la...
Par
le 2 mars 2013
29 j'aime
8