Adapter la bande dessinée "Le Transperceneige" de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette (reprise par Rochette et Benjamin Legrand) était un projet casse-gueule. Mais c'était sans compter sur le génial Bong Joon-ho (The Host, Mother...) qui nous livre une réelle adaptation digne de ce nom. Car plutôt que de retranscrire case par case la BD des années 80/90, le réalisateur sud-coréen a préféré condenser l'histoire, la retravailler intégralement et proposer une autre version de cette même histoire, celle des derniers survivants de l'humanité et en particulier des passagers pouilleux d'un train continuellement en marche qui vont tenter de traverser la machine pour sortir de leur misère...


Les personnages changent, se diversifient, acquièrent une toute autre personnalité. Le contexte politique est en revanche conservé au même titre que la base du scénario et le décor glacial. Pour le reste, Bong Joo-ho nous gratifie d'un savoir-faire impressionnant : mise en scène maîtrisée, direction d'acteurs au top niveau (même Chris Evans, déchirant), séquences d'action brutales et prises de risques visuelles imaginatives comme ce passage filmé en vision infrarouge, d'une intensité rare. Le réalisateur propose également un monde futuriste à la fois épuré et complexe, où les passagers de fin de queue (les "queutards") mangent des barres de protéines gluantes et où existent des traducteurs automatiques. Rien de dépaysant mais tout est lié dans une logique imparable.


Puissant d'un bout à l'autre, l'épopée nous immerge intégralement pour ne jamais nous laisser une seconde de répit, Joo-ho ne baissant la tension que pour mieux la soulever de nouveau. Son œuvre, qui est aussi sa première expérience américaine, est d'une force désarmante, porteuse d'un message immortel dans lequel chacun s'y retrouvera. Interprétation de choc (mention spéciale aux Coréens Song Kang-Ho et Ko Ah-Sung, ainsi qu'à une Tilda Swinton complètement allumée), scènes d'action abasourdissantes et beauté visuelle à toute épreuve, Snowpiercer est une adaptation hautement réussie, même complémentaire à la BD, et qui mérite autant de louanges que possibles.

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le 1 avr. 2019

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