Et si, sur terre, les seuls survivants étaient enfermés dans un train fou parcourant sans fin un mon

Quoique dans un autre contexte, on n’est pas loin, avec Le Transperceneige, des situations décrites dans Time out ou, plus récemment, le pas très réussi Elysium : une société à deux vitesses ou quelques « élites » règnent d’une poigne de fer sur le reste d’une humanité ravalée au rang de quasi-animaux. Encore, dans ces deux films, les humains exploités ont-ils un rôle puisqu’ils produisent les richesses nécessaires au bien-être (et plus) des puissants. Rien de cela dans Transperceneige où on se demande bien pourquoi Wilford s’embarrasse de cette sous-humanité qu’il méprise. Ne cherchons pas la vraisemblance. Alors, qu’est-ce qui fait que ce film retient l’attention ? Ce n’est pas par son atmosphère qui, paradoxalement, est plus prégnante dans une série à petit budget comme la Compagnie des glaces, ou dans le film catastrophe de Roland Emmerich Le jour d’après, mais par la beauté formelle de certaines scènes (les combats entre rebelles et forces de l’ordre sont filmés comme des ballets au ralenti - on pense à Matrix) ou de certaines images (le flocon de neige qui apparaît devant les yeux de Namgoong Minsu, les interminables paysages gelés, etc.) Cette esthétique qui est la patte de Bon Joon-ho, n’empêchant cependant ni la cruauté des situations où personne n’est épargné (même pas les héros – on avait l’espoir qu’Edgar (Jamie Bell) parvienne au moins à la tête du train, ou des enfants sacrifiés dans les entrailles de la machine), ni les scènes de violence (justifiée) dont certaines sont dignes des pires films gore.
Au-delà du pamphlet écologique (à mon avis beaucoup plus efficace dans Le jour d’après), de la critique sociale (les inégalités tellement insupportables qu’elles conduisent au massacre des puissants), il faut aller voir ce film plus pour sa beauté formelle que pour son contenu, à condition toutefois de ne pas trop craindre l’hémoglobine ni les membres coupés.
Roland Comte

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