Un premier coup-d'éclat bien poussif

Sœurs de Sang est chronologiquement le premier film réputé de Brian De Palma, celui avec lequel il accède à la reconnaissance. C’est aussi la grosse déception parmi ses opus des 70s. De Palma y accumule les citations, à Hitchcock, au Voyeur et même au Docteur Caligari. Une certaine proximité avec le giallo se fait sentir et la mise en scène des appartements pourrait être inspirée de L’Oiseau au Plumage de Cristal de Argento.

Malheureusement on trouve ici toutes les failles de De Palma, grossies en raison d’une architecture pleine de trous et d’inconsistances. Sisters est d’une grande platitude hybride et la virtuosité typique de De Palma n’est pas arrivée à maturation. Bien sûr, certaines manières sont novatrices pour l’époque et on trouve ici l’usage du split screen ("écran séparé"), mais elles ne sont pas convaincantes pour autant (le jeu de l’intro ne mène à rien) et le spectacle n’a aucun souffle.

C’est même un film relativement pénible. Pas insignifiant, mais la matière est molle, la route aussi agitée qu’ennuyeuse. Sur les traces d’une expérience terrifiante, dont le dévoilement dope l’attention, s’étalent des morceaux de psychologie désuets.

Les puristes argueront qu’on trouve ici les bases thématiques de son cinéma (voyeurisme et lubricité sans sexe explicite, double). Mais les deux remake qui en ont été fait partent de loin, puisque la narration est négligée au profit d’expérimentations diverses et alors que la qualité de l’enquête menée par la journaliste s’en ressent.

http://zogarok.wordpress.com/2014/07/24/soeurs-de-sang-1973/