C'est de l'Homme que l'Homme a besoin !

Solaris est un film écrit et réalisé par Andrei Tarkovski inspiré du roman homonyme de Stanislas Lem sorti en 1972 avec Donatas Banionis dans le rôle principal.

Le film se déroule après la découverte de la planète Solaris qui représente le plus grand mystère auquel l'humanité a été confrontée étant donné que cette fameuse planète, comprend une forme de vie en la personne d'un océan de matière protoplasmique.

Selon une théorie, cet océan serait une créature intelligente, en effet, il s'agirait d'un gigantesque cerveau sans que l'on puisse toutefois, communiquer avec lui.

De plus, la solaristique, la science qui étudie l'océan, est en pleine crise et pour ne rien rajouter, la station d'observation de Solaris qui peut héberger quatre-vingts personnes, n'héberge plus que trois scientifiques … ce qui pousse le gouvernement à vouloir fermer la station.

C'est alors que l'un des scientifiques, le docteur Guibarian envoie un message énigmatique au gouvernement, qui missionnera ensuite le docteur Kris Kelvin, un psychologue réputé pour ses recherches sur Solaris ainsi qu'un ancien élève de Guibarian, pour décider s'il est nécessaire de maintenir la station en activité.

Solaris est le premier film de science-fiction du réalisateur qui se servira du postulat pour renforcer le mysticisme de son cinéma en abordant des aspects de drame psychologique avec les notions de conscience, de souvenir et d'amour prépondérante dans le métrage, une fois arrivé à Solaris.

Mais aussi de thème plus " classique de la science-fiction " comme les dangers de la science et de la peur de l'avenir, Tarkovski disait à ce sujet que de ne pas avoir peur de l'avenir, c'est vraiment témoigner d'une énorme confiance en soi !

Kris se retrouve à ré-entamer une relation avec son ex-femme, qui s'est suicidé 10 ans avant les événements du film ! Les moments passés avec elle, referont surface le rendant peu à peu prisonnier de ses souvenirs, comme pour les autres scientifiques qui sous le poids de leur culpabilité ont été détruit, si ça ne les a tout simplement pas tué …

Par la description que je viens d'en faire, Solaris peut se définir comme l'anti 2001 : l'Odyssée de l'Espace, là où Kubrick a bossé avec l'équipe de la NASA et a poussé les limites des effets spéciaux et trucages à leur paroxysme, Tarkovski ne veut pas tant montrer les avancés technologiques et autres effets visuels pour montrer l'espace en tant qu'entité mystérieuse et sans limite, que mettre en exergue le fait que ces tentatives d'aller toujours plus loin dans l'espace, conquérir des planètes, chercher de nouvelles formes de vie n'est pas vraiment important, mais plutôt que l'humain a besoin de l'humain !

L'océan est le miroir de l'âme, ce qui est assez ironique vu que le film suivant de Tarkovski se nomme justement Le Miroir …

La réalisation de Tarkovski, est toujours aussi puissante, montrant dès le début, des décors brumeux synonyme d'onirisme et d'incertitude, la mise en scène quant à elle met en exergue le vagabondage de l'esprit par des souvenirs témoins.

Au niveau des acteurs, Donatas Banionis est très convaincant dans son rôle de scientifique tourmenté et la relation qu'il entretient avec le personnage joué par Natalia Bondartchouk (la fille de Serge Bondartchouk) est d'une force peu commune que la principale intéressée explique que Banionis a fortement cru en elle et qu'il l'a beaucoup aidé à améliorer son jeu, ce qui l'a poussé à se dépasser. Natalia est si bouleversante dans son rôle, car elle s'influence d'un rôle qu'elle maîtrisait déjà : la petite sirène !

Comme elle, Khari (la femme de Kriss), n'a pas le droit d'aimer un être humain, la sirène n'était qu'à moitié humaine en ayant vécu trois cent ans sans avoir d'âme humaine, mais elle aimait si profondément un homme qu'elle est devenue humaine !

Pour la musique, elle a été composée par Edouard Artemiev avec l'utilisation de Ich ruf zu dir et Herr Jesu Christ (le thème de la terre) de Johann Sebastian Bach qui était le compositeur préféré de Tarkovski.

Artemiev évoque dans une interview, le fait que Tarkovski la première fois qu'ils se sont rencontré, lui a dit qu'il n'avait pas besoin de musique dans ses films, mais de bruits environnants, ce qu'Artemiev, une fois qu'il a eu la possibilité de voir des extraits était contre, du coup, il a rajouté des sons orchestraux, très subtil afin de créer une sorte de langage musical propre au film qui a séduit Tarkovski.

Le thème pour l'océan a été fait avec un orchestre à partir de sons venant de partout et qui disparaissent ensuite en étant fluide comme la nature.

Le fait que Tarkovski semblait ne pas vouloir des productions électroniques novatrices pour l'époque d'Artemiev, le troublait beaucoup jusqu'à ce qu'il éclaircisse sa vision en disant ceci : "J'ai besoin des anciens maîtres pour une chose. Le cinéma est un art très jeune. Alors je dois créer dans l'inconscient du spectateur, une perspective historique dans la profondeur de ces dernières décennies au travers de la musique et des peintures des anciens maîtres pour qu'il pense au cinéma comme un art ancien ... "

Pour conclure, Solaris est un film complexe que je ne peux que vous conseiller de voir si vous aimez la SF ou les films à l'aura mystique, voire si vous n'aimez pas 2001 : l'Odyssée de l'Espace !