Annoncé en 2015 et après une gestation difficile, Solo A Star Wars Story, second spin off de l’univers mis en place, sort enfin sur les écrans. Rogue One et le film qui nous intéressent aujourd’hui confirment qu’il est difficile de venir à bout d’une production Kathleen Kennedy. En juin 2017, les réalisateurs désormais producteurs exécutifs Phil Lord et Chris Miller sont remerciés au profit de Ron Howard, qui a re-tourné, dit-on, près de trois quarts de l’aventure. Le voyage ne s’est donc pas fait sans secousses. Et pourtant le Faucon Millenium est arrivé à bon port.


L’histoire du plus célèbre contrebandier de la galaxie commence sur sa planète, Corellia. On y découvre que l’Empire y fait construire ses croiseurs. Mais l’histoire se déroule dans les bas-fonds, là où règne la pègre et notamment le trafic de carburant permettant aux dits vaisseaux de fonctionner. On y découvre le jeune Han Solo et sa compagne Q’ira fuyant la version locale de Jabba le Forestier. Ils vont se retrouver séparé mais Solo promet à la jeune femme de revenir la chercher, non sans avoir travaillé pour l’Empire. Sur son chemin, il croisera une pléthore de voleurs et de bandits, se devant tous plus ou moins des dettes. Des personnages qui vont l’aider à devenir celui que vous connaissez, notamment à travers une mission périlleuse : mettre la main sur suffisamment de combustible pour être enfin libre.


On n’en dira pas davantage sur le pitch, c’est largement suffisant pour planter les bases d’un Star Wars qui se veut différent. Rogue One ne l’était pas tant que ça, le film racontait comme un groupe de rebelles cherchait des noises à l’Empire et se terminait par une grande bataille. Solo tente autre chose, celui de nous montrer le monde souterrain d’un univers déjà connu, ses criminels et autres truands, qu’ils soient tout petits ou de véritables parrains d’une mafia. On se retrouve donc face à des jeux bien moindre que ce que nous avaient habitués les films précédents. Le sort de la galaxie n’est pas dans leur main. Seule leur survie l’est. Il n’est jamais fait mention des Jedi, et la présence de l’Empire n’est là que parce qu’il le faut bien. L’utilisation de Stormtroopers est anecdotique. Cette tentative de faire quelque chose de différent se retrouve notamment dans la photographie de Bradford Young, qui livre un film très sombre, où aucun sabre laser ne vient illuminer les lieux de sa couleur vive.


On avait toute confiance en Ron Howard pour livrer un produit fini de qualité, épaulé par les Kasdan père et fils à l’écriture. Eux s’amusent à faire doucement évoluer le personnage de Han, à lui commencer à faire prendre conscience de penser à autre chose qu’à lui-même (et même s’il faudra une princesse Leia pour y parvenir complètement). Les nouveaux personnages sont bien caractérisés, et même Alden Eidenreich dont on entendait beaucoup de mal fait correctement le boulot. L’écriture de Lawrence Kasdan et de son fils est pourtant parfois facile. On craignait le syndrome La Dernière Croisade (où, dans l’introduction, Indiana Jones acquiert toutes ses caractéristiques en une seule scène) et il faut bien admettre qu’il y a un peu de ça ici. Comme prévu, Han rencontre Chewie (et bon sang, leur relation fait plaisir), Lando et gagne le Faucon. Pas forcément comme on l’imaginait puisque les scénaristes parviennent à surprendre mais les éléments connus de l’univers étendu sont là.


L’univers étendu prend d’ailleurs dans Solo une nouvelle dimension. Avant le rachat de Lucasfilm par Disney, il s’agissait de romans et BDs dont on pouvait se foutre complétement. Les aventures secondaires sont désormais portés sur écran (petit et grands) et le storygroup porté par Pablo Hidalgo fait un boulot de connexions absolument remarquable, englobant dans l’histoire des éléments des autres films mais aussi des séries animées. Ici, la connexion avec Star Wars Rebels est si surprenante qu’elle décontenancera ceux qui n’ont jamais vu la série animée. C’est un concept intéressant et qui n’est développé sans aucune comparaison à la concurrence. Les liens entre l’univers Marvel sur Netflix et les films sont des références planquées, et ceux avec une série comme Agents of Shield bien minces par rapport au boulot de cohérence qui est mis en place. Sans révéler quoi que ce soit et pour donner un exemple concret, les plus nerds d’entre vous se réjouiront de revoir Warwick Davies dans un rôle connu (et pas un Ewok !). Ceux qui ne savent pas de quoi je parle ne sauront pas contrariés pour autant.


Le film n’est pas exempt pour autant de défauts. Trop long, voulant absolument conclure l’arc narratif de chaque personnage quand il n’y en avait pas besoin (l’imagination du spectateur fait le reste), il est illustré par un John Powell en petite forme, moins inspiré que l’était Michael Giacchino sur Rogue One. Il est construit autour d’enjeux un peu légers, même à l’échelle de son propre récit, et certains personnages sont trop peu utilisés (Lando !)


Ce n’est pas pour autant qu’on doit bouder notre plaisir malgré les petits défauts, surtout après les déceptions récentes en matière de blockbusters. Solo A Star Wars Story est un blockbuster bien plus solide qu’on ne pouvait l’imaginer, un Star Wars qui tente doucement des choses différentes et qui embrasse pleinement la mythologie en place. C’est aussi une respiration après Les Derniers Jedi et la cristallisation des avis autour de lui. Quand DC ne finit de s’embourber, quand Marvel Studios lasse à force de répéter inlassablement la même formule, et à l’heure des univers cinématographiques partagés, il fait bon voir que Star Wars est toujours le haut du panier. Et ça ne peut qu’être encourageant pour la suite.

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le 18 mai 2018

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