Kathleen Kennedy, la productrice omnipotente du nouvel univers étendu « Star Wars » estampillé Disney, n’a très certainement pas eu la main heureuse en débauchant le duo Phil Lord et Chris Miller des commandes de ce nouveau spin-off de l’univers intergalactique. Peut-être trop originaux ou décalés pour se fondre dans le moule et le cahier des charges dictés par la firme aux grandes oreilles, ils ont été remplacés par le plus malléable Ron Howard. Dommage, car si celui-ci a déjà livré de bons films lorsqu’ils sont plus personnels et à budget raisonnable (comme l’excellent « Rush »), il est rare que ses films de studio à gros budgets soient une réussite (« Le Grinch », « Da Vinci Code », …). Comme si le réalisateur ne devenait qu’un simple yes man sans idée dont la créativité s’envole sous la coupe d’un studio et dont les travaux deviennent aussi lisses que fades. Alors que si le duo de cinéastes prévus à l’origine était resté, il y a fort à parier que ce film sur les origines d’Han Solo aurait été d’une autre teneur. Enfin on le suppose…
En effet, le scénario de cette origin story semble bien maigre et sans grand enjeu, qu’il soit dramatique, mythologique ou opérationnel. On en attendait bien plus de la part des scénaristes vu l’aura du personnage central. Si l’histoire qu’on lui a écrite n’est pas à proprement parler mauvaise, elle nous paraît bien prévisible et sans guère d’imagination. Les événements s’enchaînent mollement et mécaniquement de manière à combler deux heures de film. Une grosse scène d’action ou de poursuite succède à une séquence d’explication entre les protagonistes sur ce qu’ils doivent faire après. Et ainsi de suite… Les personnages sont peu creusés et certains d’entre eux sont amenés au forceps pour donner une cohérence au passé de la saga. De plus, une grosse coïncidence tellement improbable qu’elle en devient agaçante vient parachever de rendre tout cela plutôt désagréable au niveau narratif. Seul le personnage d’un droïde féminin au caractère bien trempé vient rafraîchir tout cela.
Les acteurs choisis sont plutôt fades et ne brillent pas par leur charisme. Quant au design du film, s’il s’inscrit dans la continuité de la saga, il ne brille pas non plus par son innovation. Les planètes visitées sont banales, la photographie du film est très sombre et aucune scène à grand spectacle ne mérite d’être saluée ni pour son originalité ni pour son côté impressionnant. En ce qui concerne le grand méchant, chose on ne peut plus importante, il brille par son absence ; les quelques antagonistes présents ici ne pouvant être qualifiés comme tel. « Solo, a Star Wars Story » semble donc bien loin de la réussite du prenant « Rogue One » et de se beauté visuelle. Lorgnant vers les codes du western pour justifier son action incessante mais vide de sens, il n’est finalement qu’un produit aseptisé pondu par les décideurs de Disney qui auraient du avoir plus d’ambition et ne pas se reposer sur leurs acquis bien fragiles. Ils déçoivent en rendant l’histoire d’un personnage culte désespérément tiède et sans saveur.
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