Alors que Marie-Antoinette était foisonnant et baroque (bien qu'assez vain), il n'y a presque rien dans Somewhere.
On suit de très près le personnage principal, Johnny Marco, un acteur hollywoodien qui erre dans sa bulle jet-set, filmé un peu à la manière d'un documentaire éthologique à l'attention du spectateur lambda et qui tiendrait également de la presse people.
Il y a bien sûr quelque chose de fascinant et d'agaçant dans le spectacle de ce monde (que connaît forcément la réalisatrice) où l'on se déplace en hélicoptère ou en Ferrari, où l'on peut passer ses journées à boire de la bière et à se prélasser au bord d'une piscine en se faisant solliciter toutes les cinq minutes par de jolies filles. Mais Johnny, personnage semi- zombifié, ne semble se réveiller de sa torpeur dépressive et alcoolisée qu'en compagnie de sa fille de onze ans.
Malgré la présence lumineuse de la jeune actrice et aussi de moments drôles, voire burlesques il me semble que ce dernier film de Sophia Coppola est profondément pessimiste. Si Virgin Suicide avait des accents mélancoliques et tragiques, il se dégage de Somewhere une angoisse sourde.
A déconseiller à ceux qui voudraient tromper un blues du dimanche soir devant un film léger et aussi à ceux qui n'aiment le cinéma que très rythmé. Pour les autres : je le conseille.
Pendant la projection, Somewhere peut laisser parfois le spectateur (volontairement) au bord de l'ennui. Pourtant, c'est aussi ce sentiment qui rend le film intéressant et attachant ai-je pensé en sortant de la salle de projection.Et aussi parce que la réalisatrice prend beaucoup moins la pose que d'ordinaire. On verra bien plus tard, avec un peu de distance.