Ce qui frappe, d'entrée, dans le dernier Sofia Coppola, c'est une rudesse inédite de la mise en scène, tranchant avec les atmosphères précieuses et douces qui étaient sa signature jusque là : on est plus proche dans "Somewhere" du cinéma d'un Vincent Galo par exemple, et ce nouveau radicalisme est l'une des (rares) bonnes nouvelles du film. On peut par contre juger que le sujet de "Somewhere" est d'une universalité qui touche à la pure banalité, parce que Coppola n'est jamais dans la transcendance, juste dans la description amusée, et ce d'autant que son choix de peindre cette déprime existentielle dans le monde factice - caricatural ? - de Hollywood ne lui ajoute aucune substance, mais au contraire la rend passablement "superficielle". Ce n'est pas que les stars de cinéma n'ont pas droit à la détresse morale, mais en ces temps de crise planétaire, la confusion émotionnelle dans laquelle macère le pauvre Stephen Dorff nous semble quand même bien peu empathique... Du coup, quand un soupçon de paranoïa envahit une scène, on se prend à rêver de se retrouver dans le "Imperial Bedrooms" de Bret Easton Ellis : mais non, Sofia ne se risque pas à frôler la folie, elle se cantonne à un vague spleen, qu'elle imagine d'ailleurs pouvoir abandonner comme une voiture inutile (une Ferrari, quand même...) au bord de la route... Les seuls moments vraiment magiques, où "Somewhere" nous touche au coeur, sont dûs à l'incroyable cinégénie de Elle Fanning, véritable soleil qui brûle l'écran à chacune de ses apparitions. [Critique écrite en 2012]

EricDebarnot
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le 10 oct. 2014

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Eric BBYoda

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