Un acteur, solitaire, qui erre dans un hôtel de Los Angeles, perdu entre quelques fêtes, les groupies qui s'offrent à lui et la promo d'un film, tel est le sujet de Somewhere, nouveau film de Sofia Coppola que nous aurions facilement pu appeler Lost in Translation at L.A. Car ici, Miss Coppola retrouve ses thèmes favoris mais sans vraiment y apporter quoi que ce soit de bien nouveau. Ce n'est donc plus de la fascination pour les images mais bien de l'ennui qui pointe le bout de son nez.

Pourtant, quand on aime le style de la demoiselle, on se dit qu'on va accrocher. Mais voilà, très vite on a le sentiment qu'on a face à nous les caprice d'une enfant gâtée et les souvenirs d'une gamine de célébrité se rappelant de ses passages au Château Marmont avec son paternel. A cette touche (trop) personnelle et hors du commun des mortels, elle ajoute donc un personnage d'acteur en pleine déchéance (non sans rappeler le statut de Bill Murray dans Lost in Translation), blasé et incorrigible, à qui tout est offert (dont les insupportables jumelles Shannon) et dont on n'aurait vraiment rien à faire si sa fille de 11 ans ne venait pas lui rendre visite.

C'est là que l'intrigue commence à devenir intéressante, s'orientant un peu plus sur la relation père-fille. Mais, alors que Sofia Coppola arrive à merveille à capturer les émotions de ses personnages (en cela aidée par l'excellent et bien trop rare Stephen Dorff et une Elle Fanning qui s'annonce aussi douée que sa soeur), elle n'arrive pas à nous faire oublier pas le contexte privilégié et assez casse-bonbon de sa petite histoire. Et pour souligner le tout, avec très peu de musique, elle filme cela avec des images parfois jolies, d'autres fois mal cadrées dans des plans d'une grande lenteur mais sans profondeur, à deux doigts de renvoyer le spectateur dans sa sieste.

Au fond, Sofia Coppola aborde ici ses thèmes habituels (éternelle adolescence paumée dans un milieu privilégié et la difficulté de grandir et d'accepter ses responsabilités) mais sans variante notable, sans approfondir et sans apporter quoi que ce soit dans sa mise en scène, ne se reposant que sur son duo d'acteur pour livrer son film le plus personnel mais aussi le plus creux. Espérons alors qu'elle essaie de se renouveler et de prendre quelques risques a prochaine fois.
FredP
3
Écrit par

Créée

le 10 janv. 2011

Critique lue 248 fois

FredP

Écrit par

Critique lue 248 fois

D'autres avis sur Somewhere

Somewhere
Aurea
6

Sofia Coppola, un art consommé du vide

Comment traiter du vide sidéral d'une vie, comment rendre l'ennui existentiel de quelqu'un qui a tout ou presque : succès, célébrité, argent, sexe, et qui finalement n'a rien, et cette vacuité-là...

le 27 juil. 2011

65 j'aime

25

Somewhere
Socinien
2

Dans la famille Coppola, je demande le père.

Parce que je commence à en avoir assez de me coltiner les films-playlist de sa fille : pas de scénario, pas de dialogues, rien. Juste de la musique d'ascenseur. S'ennuyer devant des gens qui...

le 6 janv. 2011

60 j'aime

26

Somewhere
bilouaustria
6

"Less than zero"

La drogue en moins, "Somewhere" pourrait être une adaptation assez fidèle du célèbre premier roman de Breat Easton Ellis écrit dans les 80´s, "Less than zero". Los Angeles, du fric partout, des...

le 3 nov. 2010

55 j'aime

17

Du même critique

Sound of Noise
FredP
7

Critique de Sound of Noise par FredP

Vous aimez les films rythmés ? L'étrange bande de percussionnistes de Sound of Noise va alors vous enchanter et mettre un peu de battant dans vos coeurs. Les suédois ont parfois de drôles d'idées,...

le 27 déc. 2010

17 j'aime

Winter's Bone
FredP
5

Critique de Winter's Bone par FredP

Ree, une jeune fille de 17 ans doit s'occuper de sa petite sœur et de son petit frère parce que sa mère est malade et que son père est en prison. Mais voilà, on apprend que son père est sorti de...

le 14 mars 2011

11 j'aime

Cogan : Killing Them Softly
FredP
8

Critique de Cogan : Killing Them Softly par FredP

Ce que l'on retiendra le plus finalement de ce Killing them softly, à côté des crises existentielles des tueurs à gages et des séquences violentes, c'est surtout son discours politique...

le 25 mai 2012

9 j'aime