du néant au cinéma, ou l'art de prendre les gens pour des cons
En sortant du cinéma, Herma m'a dit : "en gros, c'est un film sur les gens qui n'ont rien à se dire". Mais c'est bien pire que ça en réalité : c'est un film qui n'a rien à dire sur les gens qui n'ont rien à se dire.
Et en plus, Somewhere arrive à ne rien dire avec des gros sabots! Il faut dire que ça s'annonçait mal dès la première scène, destinée à nous montrer que Johnny Marco s'emmerde (et nous avec). Donc on le voit en train de faire un tour de piste avec sa voiture de sport. Oh, puis un deuxième, histoire de nous montrer que c'est chiant mais que c'est un chiant recherché pour montrer que Johnny s'emmerde pour de vrai. Tiens, un troisième tour, au cas où on n'aurait pas tout à fait compris. Oh, et si on en faisait encore un, pour la route (hahaha). Je me demande même s'il n'y en a pas un cinquième. C'est vrai quoi, le spectateur est con par essence, donc il faut lui dire les choses plein de fois pour qu'il comprenne.
Et hop il rentre à son hôtel et deux filles viennent faire leur petit show (en infirmière, parce que ça fait plus d'effet sur le spectateur quand c'est un gros cliché). Et plus tard dans le film, puisqu'on n'avait pas vraiment compris ce que les filles foutaient là, on en recolle une couche. Elles sont déguisées en joueuses de tennis cette fois, histoire que Sharapova ne soit pas vexée.
Puis comme on n'avait pas encore compris que Johnny était "un de ces gens-là" (mais merde, quels gens au final ? parce qu'on voit les préjugés s'aligner sans jamais que ça ait un intérêt), il faut qu'il se fasse saluer par toutes les filles qu'il a pu sauter dans tous les lieux où il met les pieds. Alors une fois d'accord mais systématiquement, c'est lourd.
Mais vu l'expressivité bovine de Stephen Dorff, on se dit limite que Sophia Coppola n'a pas tort à tenter de faire passer le message par d'autres moyens. Dorff heureux : sourire. Dorff triste : froncement de sourcil. Dorff embarrassé : ah non, ça c'est trop compliqué à faire.
Niveau jeu des acteurs, c'est tout aussi pesant. Cleo pas contente que son père laisse une de ses maîtresses petit-déjeuner avec elle : regard appuyé vers le père. Du coup, le père fait un regard appuyé vers Cleo. Oh, et Cleo fait pareil. Puis le père continue. Bref, Sophia Coppola aurait tracé une flèche sur l'écran que ça aurait eu le même effet. Regarde bien spectateur : je te guide pour que tu comprennes que Cleo n'est pas contente. Nonnnnnnnnnn c'est vrai qu'on n'aurait pas pu le deviner comme des grands!
En fait, la seule raison pour laquelle j'ai mis une aussi bonne note que 3, c'est le BO. Merci Phoenix de donner 2 étoiles de plus à Sophia!