Dès la séquence d'ouverture, Sofia Coppola nous annonce ses couleurs, en laissant la Ferrari tourner beaucoup plus longtemps que le spectateur est habitué. Combien de tours de piste faut-il pour que le temps s'arrête, pour que la vie ne nous glisse pas entre les doigts?
Au Château Marmont, à l'aréna ou à la piscine, les lieux et les évènements semblent sans importance dans ce récit où l'atmosphère domine sur les personnages. La vedette de cinéma interprétée par Stephen Dorff l'apprendra à ses dépens, voyant sa fille devenir une femme beaucoup trop rapidement sans qu'il ne puisse rien faire pour ralentir sa transformation, sans qu'il ne puisse rattraper le temps perdu où elle avait encore toute son innocence. Car il a seulement quelques vrilles de différence entre les prouesses des danseuses de lap-dance et le numéro de patinage artistique de sa fille. Et il le sait trop bien.
Coppola affirme encore une fois sa grande maîtrise de l'art en suspension, du néant habité par des êtres qui ont le vague à l'âme voir même à la dérive. Et simplement pour ça, elle mérite sa place dans la cinématographie américaine, qui se croit beaucoup trop au-dessus de tout soupçon, sans jamais réaliser son manque flagrant d'audace et de jeunesse.