Fan absolu de "Lost in Translation" (et gros hater de "Virgin Suicides", mais là n'est pas la question), j'attendais avec grand intérêt de voir "Somewhere", pensant y trouver un "Californication" mais vu par Becca. Et pour le coup j'aurais été vachement content! Mais... Mais c'était pas du tout ça.
Bien sûr, Johnny Marco a beaucoup d'Hank Moody: artiste (acteur pour Johnny, auteur pour Hank) américain approchant la quarantaine, blasé, solitaire, séducteur et se donnant tellement de mal pour se pousser lui-même dans tous les excès possibles dans un ultime acte d'autodestruction ayant tourné à l'interminable agonis qu'il fini par se lasser lui-même de lui-même au point que, pour unique caprice symptomatique de sa crise de la quarantaine, il décide de troquer son égoïsme morbide pour le regret de son ex-femme et de sa fille.
Du même personnage on aurait pu attendre la même histoire. Oui, mais "Somewhere" n'est pas l'histoire de Johnny Marco. Ici, Johnny n'est qu'un instrument, un outil dans la main de Coppola. Si on pouvait voir dans "Virgin Suicides" le cri de désespoir d'une gamine incomprise, "Somewhere" est la vengeance froide et implacable de cette même gamine. En effet, Johnny va sacrifier tout ce qui faisait sa vie pour permettre à Cleo de conserver son innocence, sa candeur, pour lui permettre d'avoir, finalement, l'enfance qu'elle n'aurait pas dû avoir. En la déposant sans autre raison devant la chambre d'hôtel de Johnny, Coppola va donner à Cleo ce que ni Lolita, ni Becca, ni les cinq sœurs Lisbon n'auront eu: un père assez con pour penser qu'il peut garder sa petite fille fille prêt de lui encore un peu plus longtemps.
En étant contraint d'assumer son rôle de père, en tuant le personnage qui le ronge et en trouvant le courage de renoncer à tout, Johnny Marco va alors trouver ce que Hank n'aura jamais: la rédemption.