Un triangle amoureux à géométrie variable

Depuis La Balade Sauvage jusqu’à The Tree of life qui lui vaudra la palme d’or à Cannes en 2011, Terrence Malick questionne l’existence et ses origines tout en peignant des fresques sur l’histoire des Etat-Unis. Avec Knight of Cups en 2015, il plonge ses réflexions dans l’enfer hollywoodien et ce nouveau Song To Song prolonge son exploration des mythes contemporains. Cette fois le Rock et la scène musicale à Austin servent de support pour de nouvelles divagations philosophiques.


Michael Fassbender interprète Cook un séducteur excentrique et producteur de musique qui s’attira les charmes de la talentueuse Faye intérprétée par Rooney Mara. Mais la romance se dégrade après une pool party et une rencontre avec un songwriter interprété par Ryan Gosling. Sur fond de sexe, de drogues et Rock’n Roll, Natalie Portman, Cate Blanchett et Lykke LI se joignent à la parade amoureuse. C’est donc l’histoire d’un triangle amoureux à géométrie variable. Et loin du pop-corn movie dominical, Terrence Malick nous compose une nouvelle oeuvre lyrique et picturale saisissante.


Il faudra être amateur du genre tant le style surexploite parfois son ingéniosité pour les silences et les envolées oniriques. Mais une fois passées les 30 premières minutes, les plus masochistes découvriront une énigme sur l’amour, l’absurdité de l’existence, les paradis perdus et la célébrité. Le désenchantement des personnages s’enrobe d’une beauté mélodramatique envoutante. A l’image de leurs amours, leurs réalités et leurs addictions sont plurielles. Il ne sera donc pas étonnant de les voir côtoyer Iggy Pop ou encore Patti Smith qui, devenus des icônes, portent en eux le sens des réalités alternatives.


Song To Song est une introspection sur le sens de l’existence et ses dérives. Les voix off et la caméra de Mallick travaille d’ailleurs l’intimité des personnages avec finesse et place le spectateur dans une position de confident surnaturel. Nous retrouverons toute une symbolique de la nature chère à Mallick et le montage apporte la fluidité nécessaire à cette nouvelle énigme. C’est un coup de maître narratif tâché néanmoins de quelques longueurs qui peuvent empêcher d'atteindre le nirvana.

guardianalfred
7
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le 8 juil. 2017

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