Deux ans après Knight of Cups, Terrence Malick nous revient (déjà) avec Song to Song, une œuvre singulière réunissant un casting absolument royal. Malheureusement, si cette nouvelle réalisation se révèle un poil moins hermétique que la précédente, elle s’avère tout de même beaucoup trop expérimentale que pour vraiment passionner.


Il faut dire que depuis The Tree of Life en 2011, le cinéaste américain nous ressert inlassablement la même formule, à savoir un montage fragmenté à base de voix off omniprésente où une série de personnages s’entremêlent sur fond de couchers de soleil et autres champs de blé. Alors certes, les personnages en question sont moins mutiques que dans ses films précédents, ce qui rend assurément l’ensemble plus digeste (en particulier la première partie qui se révèle assez intéressante), mais il se dégage néanmoins de l’ensemble le même sentiment déplaisant de contemplation. Un sentiment totalement assommant, étiré jusqu’à épuisement pendant plus de 2 heures. En clair, comme Malick semble n’avoir plus rien à raconter, il se contente de montrer. Et comme il montre tout le temps la même chose, qui plus est de la même façon, cela finit forcément par agacer, et surtout par ennuyer. Avoir un sentiment de répétition dans un même un film passe encore, le retrouver dans chaque nouveau film est nettement plus gênant.


Malgré tout, il faut reconnaître au réalisateur un talent indéfectible, celui d’offrir de superbes plans. Si le fond tourne à vide et que la forme se répète, la beauté des images, elle, ne vacille pas. Song to Song ne déroge pas à la règle en regorgeant de scènes somptueuses, transcendées par la magnifique photographie d’Emmanuel Lubezki. Un constat ô combien réjouissant dans ce drôle de marasme romantico-mélancolique. A cet atout formel s’ajoute également un casting – si ce n’est impressionnant – au moins convaincant. Aidés par quelques lignes de dialogues (ce que Christian Bale n’avait pas vraiment dans Knight of Cups), les acteurs parviennent en effet à donner un peu de consistance à leur personnage, maintenant un bel équilibre entre naturel et retenue. Certains, comme Ryan Gosling et Rooney Mara, se montrent d’ailleurs incroyablement touchants dans plusieurs séquences. En revanche, les apparitions tardives de Cate Blanchett et Bérénice Marlohe sont moins mémorables.


Pour conclure, fidèle à ses (mauvaises) habitudes, Terrence Malick ne raconte donc pas grand-chose dans Song to Song. Pire, il se caricature lui-même en reproduisant jusqu’à épuisement son style expérimental des dernières années. Reste malgré tout un florilège de belles images et de sensations.


https://cinerama7art.com/2017/07/17/critique-song-to-song/

Wolvy128
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le 17 juil. 2017

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