L'Allemagne, vue à l'envers

Dans les films de la production est-allemande comprise entre 1961 et 1989, il n'est jamais question du Mur et ce n'est que très rarement que l'Allemagne de l'Ouest est mentionnée. Il faudra attendre dix ans après la Chute du Mur pour qu'une équipe de l'ex-RDA aborde le sujet, sous forme de comédie. Selon le réalisateur, tous les événements racontés ont leur fond de vérité et de vécu. Ainsi les Allemands de l'Ouest qui lançaient des moqueries aux Allemands de l'Est depuis des passerelles d'observation, les jeunes Allemands de l'Est qui s'amusaient à courir après des cars de visiteurs de l'Ouest en criant « Hunger ! Hunger ! » (Faim ! Faim !). Et les occupants du car de se dire: « Mon Dieu, c'est horrible, regardez ce qui se passe dehors ! » Le film fut un grand succès en Allemagne. Son humour souvent au second degré pouvait aussi bien être compris par les gens de l'Est que de l'Ouest, même si tout le monde ne riait pas aux mêmes scènes.

Dans l'Allemagne de Sonnenallee, on rêve et pas seulement de fuir à l'Ouest. On hallucine même s'il n'y a pas vraiment de moquette à fumer. On fait des farces de potaches à l'école. On fait son autocritique pour en boucher un coin à la fille que l'on aime. On baise. On est parfois très mesquin. On délire... Et il arrive aussi que l'on soit rattrapé par la dure réalité quotidienne.

L'histoire se passe dans les années soixante-dix. Et sans doute qu'après avoir vu le film, plus d'un Allemand de l'Est a été pris d'un bon coup d'Ostalgie (le mot par lequel on désigne en Allemagne la nostalgie de la période RDA). Car c'est bien connu, il n'y a que les bons souvenirs qui restent.