Sorry to Bother You par Pascoul Relléguic

Pas vraiment convaincu par ce grand fourre-tout d'idées qui donne l'impression que Boots Riley a vraiment bourré son film de tout ce qui lui faisait envie, quitte à sacrifier une nécessaire homogénéité cinématographique et à se disperser en abandonnant en route certaines ébauches intéressantes (le syndicaliste itinérant). Le côté loufoque et décalé apparait même forcé par moments, à force de caser à tout prix des gimmicks de réalisation ou de montage comme s'il fallait vraiment étiqueter le film du sceau de l'indépendance à la Sundance.

Pour autant, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain et reconnaissons au film qu'il fonctionne à plusieurs reprises : la description de l'univers du télémarketing est excellente, l'embrouille entre potes à coups de réelles amabilités est bien fichue, le personnage de la copine est intéressant, Mr --- a un faux air de croisement entre Fred Williamson et Eric Judor (dans Wrong Cops) et pour cliché qu'il soit, le Jeff Bezos du film et son entreprise d'esclaves m'a fait tripper.

Mais on sent bien que ce qui intéresse vraiment Riley, c'est son message politique, quitte à ce qu'il phagocyte le reste, avec la dénonciation d'un capitalisme bien incarné dans la ségrégation des Noirs, obligés de se blanchiser pour gravir les classes sociales. La ficelle demeure toutefois un peu trop pesante, et, sans doute preuve que je me fais vieux, il ne suffit plus de me balancer en contre-partie des bites d'équino-sapiens pour me contenter.

A voir comment le film supporte le passage du temps, il n'est pas impossible qu'en ressorte le meilleur, ce que je lui souhaite au vu des intentions sincères du réalisateur (un homme qui cite Le Dernier Dragon ne peut pas être mauvais).