Soul
7.4
Soul

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

Héhé, Pixar, c'est vraiment du cinéma pour bourges hein, faut bien le dire. Et c'est encore plus flagrant dans ce film-ci où on prône l'amour du quotidien... allez dire ça au pauvre type qui doit enchaîner 2 ou 3 métiers et qui n'a pas de temps pour lui...


Je suis pas fan du message mais en plus ça se casse la gueule tout seul. Je vais spoiler. Au début du film on nous dit que les jeunes âmes doivent trouver leur flamme avant d'être envoyées sur Terre ; certes on ne nous dit pas qu'il faut trouver une passion, n'empêche qu'on parle d'une activité terrestre qui pourrait allumer cette flamme... comment ne pas interpréter cela comme une passion? surtout en montrant des âmes remplir leur cinquième point après avoir participé à une activité leur ayant fortement plu. Alors quand un des Michel dit que les gens ont encore mal interprété plus tard dans le film, on a l'impression qu'on se fout de notre gueule...


Y a ce concept de Michel qui tient pas la route non plus. Ce genre de faille et la manière dont ça passe la seconde fois. C'est présenté sous forme d'humour, donc ça passe un peu mieux, mais quand même, tout ça manque de rigueur. Comme souvent chez Pixar. D'ailleurs on retrouve les concepts un peu fourre-tout : on découvre plusieurs univers dans le film et les règles se font un peu au fur et à mesure, ainsi, ça permet de caser des conflits et des résolutions n'importe comment, c'était déjà le cas avec "Vice-versa". On peut aussi reprocher un manque de crédibilité quand Terry part sur Terre, il met trop de temps à trouver le héros. Soit.


Malgré tout, j'ai passé un pas trop mauvais moment. L'univers général (jazz et âmes) m'a plu (même si je ne suis pas sûr de croire au second concept, mais c'est ça la magie des histoires). Les personnages principaux sont intéressants, le concept de Michel m'a bien fait rigoler et ce côté Schtroumpf (ou Minion) des âmes n'est ni trop fade ni trop prononcé. Les conflits sont assez nombreux ; c'est parfois un peu cu-cul, les résolutions sont souvent faciles, mais on trouve quelques moments intéressants, quelques confrontations sympathiques au moins à la base.


J'ai lu quelque part (était-ce sur écran large?) que les auteurs ont hésité entre deux fins ; soit celle que nous connaissons où le héros retourne sur Terre, soit celle où il accomplit sa destinée et s'avance vers la lumière. J'aurais préféré cette seconde fin, qui me semblait plus juste et plus réaliste : tout le monde ne réalise pas sa chance, mais au moins il a pu aider un p'tit à le comprendre. Et ça me ramène au côté conceptuel mal fichu du film : on nous dit que l'important n'est pas de trouver une passion et pourtant, tout le dénouement du film tourne autour de cette transmission, alors que le héros est un artiste prof qui hésite à s'engager dans la voie de l'enseignement de façon définitive ; de ce fait, on peut dire qu'il a trouvé sa propre flamme en tant que mentor, puis qu'il va aider ce petit et se sacrifier alors qu'il avait réussi à rouler (de façon littéralement incroyable) les fonctionnaires de l'au-delà et que c'est en l'aidant aussi qu'il découvre les joies de la vie.


Et puis la mise en scène. Représenter un musicien en film d'animation (que ce soit images numériques ou dessin traditionnel), ça fascine je trouve. Les lumières et couleurs sont sympathiques. Puis y a tout l'univers de l'au-delà ! Un jeu graphique intéressant, sans doute l'expérimentation la plus intéressante de tous les longs métrages Pixar depuis Toy Story, un concept graphique qui n'est pas sans rappeler les pattes graphiques des premiers Disney. Les figures autoritaires de l'au-delà aussi sont graphiquement impeccables, très originaux et leur animation est bien pensée. Enfin, une bonne BO, ça fait toujours du bien ; les morceaux sont ici agréables à écouter même si au final c'est assez peu généreux !


Bref, p'tet un des meilleurs Pixar depuis très longtemps ; avec un scénario plus travaillé et des concepts mieux réfléchis, ça aurait pu être un petit bijou.

Fatpooper
6
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le 16 janv. 2021

Critique lue 673 fois

7 j'aime

Fatpooper

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