Soul Power par magyalmar

A l'heure où on bâtit des films sur le nom de Kev Adams et où on sort des Paranormal machinchouette à la pelle sans réfléchir, aucun distributeur n'a encore eu les couilles de sortir l'intégralité des concerts organisés pendant 3 jours à Kinshasa en 1974 et prévus pour accompagner le légendaire combat Ali-Foreman (qui aura finalement lieu bien plus tard). Unique recours donc, se tourner vers ce documentaire d'archives de Jeffrey Levy-Hinte, qui ne dispose que de 90 minutes pour résumer 12 heures de festival. Fatalement, son film est à la fois terriblement jouissif et totalement frustrant car on aimerait qu'il continue, s'éternise encore et encore. Un morceau par artiste (un peu plus pour James Brown, à tout seigneur tout honneur), c'est évidemment bien trop peu.

Pourtant, pourtant... En montrant les préparatifs, l'angoisse et l'excitation qui accompagnent l'organisation d'un événement aussi énorme, unique et symbolique, autant que les petits moments de cogitation, de communion, de détente entre les concerts, Levy-Hinte réussit à délivrer toute l'essence du moment, gardant a priori intactes toutes les vibrations intenses d'un moment historique durant lequel la musique afro-américaine a renoué avec ses racines. En résulte un enivrant maelström d'ondes positives, filmé à la perfection, dont on ne peut ressortir qu'euphorique. Un vrai bol de Xanax sans effets secondaires.

Les plus cyniques tiqueront sur l'incapacité du film à évoquer profondément les dessous financiers ou les coulisses politiques qui ont amené le festival à échoir au Zaïre, mais les plus cyniques, j'ai envie de dire qu'on les emmerde un peu.

Et comme il est acquis (pourquoi rêver ?) que personne ne sortira jamais l'intégralité du festival, du moins en vidéo, il n'y a plus qu'à espérer que Levy-Hinte hérite de sa grand-mère pour nous offrir l'anti-dépresseur ultime sous Avid.