Ce film ne va pas m'aider à mieux comprendre les décisions des décerneurs de palmes. Il a gagné celle d'or, mais je cherche encore une telle valeur à l'œuvre charbonneuse de Pialat. Qu'y a-t-il d'autres que de lentes récitations appliquées et des éclairages ? Éclairages qui veulent d'ailleurs nous faire croire que l'air se charge d'ocre avec le soleil couchant (à moins que ce ne soit le soleil de Satan, mais cela me surprendrait au regard du ton éminément indéridable du reste du film) et que les nuits « noires » ne le sont pas. À part créer quelques contrastes et faire oublier l'intérêt de la couleur, ce procédé ne présente pas vraiment de différences avec les acteurs dont la seule prestation est celle de la déclamation de leurs lignes.
Le livre de Bernanos semble pris au mot, se chargeant arbitrairement de monceaux de sa prose de sorte que les dialogues peuplent son entièreté mais que les passages non parlés faillissent même à constituer des didascalies correctes. Il n'y a de cinématographique que les écarts bienvenus - quoique tout aussi erratiques - de Sandrine Bonnaire dans son rôle agité, mais Depardieu lui-même semble s'être mortifié en tant qu'acteur pour paraître dans une douleur permanente si profonde que sa mort n'a même plus de sens. C'est une espèce de Les Communiants de Bergman, mais sous forme coquillaire et sans l'exutoire d'une signification profonde. Pialat joue bien, mais peut-être aurait-il mieux fait de rester derrière la caméra.
Quantième Art