Rares sont les films aussi denses et ambitieux. Film a clés par excellence, au symbolisme exacerbé, Richard Kelly, jeune réalisateur déjà culte en un seul film avec Donnie Darko, suprend autant qu'il confirme. Beaucoup trouveront ce pamphlet sur l'amérique post-11 septembre vraiment prétentieux et ridicule. D'autres crient déjà au génie. La vérité est peut-être quelque part entre ces deux extrêmes. Certes, Southland Tales est compliqué, voire alambiqué. Comme ses références assumées (Lynch et Gilliam), Kelly aime à construire ces scénarii, et a posteriori, ses films, comme des puzzles sur lesquels il faut souvent revenir, réfléchir, mûrir pour en extirper la combinaison, l'essence. Peut-être trop. Le propos très critique sur la société américaine se perd parfois dans une mythologie et un passif énormément trop travaillé (3 graphic novels écrits par Kelly lui-même sont d'ailleurs sortis comme préquelles au film). C'est ce qui fait à la fois toute la saveur, mais aussi toute l'âpreté de Southland Tales. Un bijou complexe qui mérite qu'on le digère et qu'on lui laisse son temps. Si on en a la patience, et l'envie.