Fable fumeuse, visionnaire et prétentieuse, Southland Tales suinte l'orgueil à chaque centimètre carré de pellicule (on entend presque le réalisateur nous dire entre les lignes, chaque fois, combien il est génial) (et c'est un chouia agaçant), mais malheureusement, le résultat est loin d'être à la hauteur de ses ambitions premières. Voire : loin d'être à la hauteur tout court.
Après un Donnie Darko pourtant magistral (si ce n'est incontournable), l'auteur se lâche, se donne à 200% (on peut le lui accorder) pour le pire et l'encore-plus-pire avec ce collage gloubiboulgesque d'absurdités cinémascopes d'une immaturité (de fond comme de forme) et d'un ridicule élevant le grand guignol au rang d'art.
Quelques bonnes, voire excellentes idées (c'est Richard, quand même !), un point de départ inspiré et un casting non-sense savoureux, noyés dans un océan de médiocrité consternante et de dialogues à manger sa télécommande, croisement improbable entre un Maître du Haut Chateau et un American Pie, sous prétexte d'une dénonciation iconoclaste de l'Amérique qui retombe comme un flan dès les premières minutes et sent bon l'acné comme la révolte pré-pubère. On aurait adoré adorer Southland Tales. Promis, juré. On était parti pour, le coeur en bandoulière. On a acheté les yeux fermés. Mais trop d’esbroufe tue l’esbroufe, et ne remplacera jamais un vrai fond.