Quoiqu’impressionné par sa prise de vue, le jeu de certains comédiens m’avait empêché de savourer pleinement le film Quand passent les cigognes de Mikhail Kalatosov en 1957. Cette fois rien n’est venu entraver mon éblouissement pour le travail du réalisateur et du directeur photo Sergueï Ouroussevski. Par l’entremise d’une voix narrative, le film nous dépeint l’île de Cuba et nous introduit quatre situations venant justifier le déploiement de la révolution castriste. Maria qui se prostitue dans des bars fréquentés par des Américains pour se sortir de la misère, Pedro qui perd sa raison d’être lorsque la United Fruit achète la terre qu’il louait pour sa plantation de cannes à sucre, l’étudiant Enrique mort en martyr au nom de la liberté et Mariano qui prend les armes après qu’on ait tué son fils en bombardant son humble demeure dans la Sierra Maestra. Les deux premiers personnages subissent les abus de la culture américaine et de la tyrannie de Batista tandis que les deux autres contribuent à les chasser de l’île. Caméra à l’épaule, Ourossevski est au milieu de la mêlée. En se collant au protagoniste de chaque histoire, il exacerbe leur détresse et leur donne une dimension héroïque. Les images qu’il en dégage sont saisissantes et d’une grande valeur poétique, ce qui semble avoir déplu aux gouvernements cubain et soviétique qui avaient commandé la production. Soixante ans plus tard, s’il y a une révolution qui a conservé toute son intégrité, c’est la manière de tourner du duo russe dont l’héritage cinématographique demeure unique.

Elg
9
Écrit par

Créée

le 8 sept. 2022

Critique lue 101 fois

1 j'aime

Elg

Écrit par

Critique lue 101 fois

1

D'autres avis sur Soy Cuba

Soy Cuba
SanFelice
10

"Tu tires contre ton passé"

D'emblée, nous sommes plongés dans l'ambiance. Le générique nous montre un Cuba qui se déroule devant nous comme un paradis terrestre, avec une population heureuse vivant en communion avec la nature,...

le 17 mai 2013

66 j'aime

12

Soy Cuba
Docteur_Jivago
10

Symphonie bouleversante

Le début est assez éloquent, après avoir contemplé Cuba vu du ciel ainsi que ses belles côtes au bord de la mer, on découvre Cuba sous l'emprise du régime de Batista, un Cuba gangrené par l'argent...

le 1 mai 2015

51 j'aime

2

Soy Cuba
pphf
9

Cuba Libre (cocktail équitable)

(et garanti sans coca) (au moins sous sa forme liquide) Les ingrédients, rapidement évoqués, ne donnent pas forcément immédiatement envie. En quatre histoires, en quatre contes, on nage dans les...

Par

le 8 avr. 2014

49 j'aime

4

Du même critique

À tout prendre
Elg
8

Dans le courant

Voir ce film en connaissance de la fin tragique de Claude Jutra et de sa postérité ternie par des soupçons de pédophilie est plutôt troublant. Comme si notre élan d’appréciation pour le travail du...

Par

le 16 nov. 2020

3 j'aime

La Grande Évasion
Elg
7

La fausse évasion

Après Le vieil homme et la mer et Les sept mercenaires, voilà un autre film de John Sturges qui me laisse sur ma faim. À chaque fois le sujet ou la brochette d’acteurs à l’affiche avaient semé chez...

Par

le 3 nov. 2020

3 j'aime

1

Accattone
Elg
7

Sans pitié

Âpreté est le mot qui me reste à l’esprit après avoir visionné le premier long métrage de Pier Paolo Pasolini. Tout est rugueux, aride dans ce film : les décors, le propos, les dialogues. Il y a une...

Par

le 2 nov. 2019

3 j'aime