Le meilleur film sur la guerre d'Afghanistan

Nero veut retourner dans le pays qui l'a vu naitre mais duquel il a été expulsé après les attentats de 2001 et l'adoption du Patriot Act. Pour cela il doit traverser le désert mexicain et franchir le mur (qui existe déjà, eh oui monsieur Trump). Pour acquérir la nationalité américaine il va s'engager dans l'armée et servir dans le désert afghan. Et la boucle est bouclée, symbole de l'absurdité des lois américaines.

Le peuple américain est lui même absurde. Il y a des millions de personnes d'origine mexicaine ou sud américaine vivant en toute légalité sur le sol des Etats-Unis. Pourtant le latino est constamment victime des suspicions. Et le personnage de Nero doit trainer ce boulet jusqu'en Afghanistan où il n'est pas reconnu par ses compagnons d'armes comme un des leurs. Mais qu'il se rassure car il n'est pas le seul, les musulmans américains sont eux aussi suspects, à plus forte raison quand ils combattent dans le pays des talibans.

L'afro américain semble bien plus intégré. Sans doute victime de racisme (qui n'est pas abordé ici) mais au moins il est considéré comme un américain et servir dans l'armée. Il peut même s'enrichir à l'image de ce personnage, propriétaire de la villa dans laquelle travaille le frère de Nero, qui disparait aussi vite qu'il est disparu. Là où le latino semble condamné à être un larbin, le noir dispose d'une chance de réussite sociale, peut être mince mais qui existe.

Je ne suis pas en train de hiérarchiser les discriminations, et ce n'est pas le but de ce film. Quoique Rafi Pitts semble vouloir nous dire que Nero est le mec le plus à plaindre au monde. Le film manque de subtilité de ce côté là et ça peut agacer. Toute la première partie où il doit esquiver les gardes frontières et faire face aux contrôles d'identité rentre un peu trop dans le pathos. Pour moi la partie la plus réussie c'est celle qui montre la guerre d'Afghanistan. Là on change complètement de sujet (ou presque), et on se retrouve face à un vrai film de guerre dans la veine Green Zone, avec une guerre sans ligne de front contre un ennemi invisible. Oui, ce film est le meilleur film sur la guerre d'Afghanistan, mais c'est surtout faute de concurrent (Rambo 3 ça compte pas).

Soy Nero est bien évidemment un film ultra-politique, porteur d'un message ô combien recevable mais présenté avec un peu de lourdeur. C'est également un film assez esthétique, construit autour de quelques scènes visuellement magnifiques. Au moins pour ces deux raisons, Soy Nero est un film à voir.