Voilà un film efficace, un peu trop d'ailleurs. Entre l'Elysium de Bloemkamp et le Serenity de Whedon, Space Sweepers ne s'embarrasse pas de variations et trace tout droit là où des scénarios moins tentaculaires auraient mis suspense et crescendos.
D'Elysium, il reprend le thème de SF débridé et le personnage unilatéralement mégalomane (mais qui n'aime pas ce genre de fous au derme agité de soubresauts étranges quand ils sont joués avec la froideur possédée d'un Richard Armitage ?). De Serenity, il a l'équipage du vaisseau, son affect embrouillé donnant lieu à une alchimie inconstante dont il arrive parfaitement à nous faire douter de l'issue d'un chapitre à l'autre.
Ces interactions sont le carburant parfait pour nous faire traverser plus de deux heures d'une histoire qui peine à se donner des objectifs et des repères, avançant dans un joyeux chaos très technique à maîtriser qui me rappelle ce que je connais (très vaguement) de Cowboy Bebop. Il y a en effet un arrière-goût très marqué de série adaptée au grand écran (#Serenity), même si ce n'est pas du tout le cas ; l'effet de trop de digressions, peut-être ?
Je reste en tout cas sur ma faim à cause de cet univers peu exploré dont on ne fait qu'effleurer la surface (et on en effleure énormément, ce qui n'arrange rien) et qui met beaucoup de barrières à mon appréciation subjective : j'aurais voulu que le très sérieux thème dystopique ne soit pas teinté d'humour bon enfant ; j'aurais voulu que l'androïde servant d'allégorie à la transidentité ne se résume pas à un intermède comique. Enfin, j'aurais voulu connaître plus intimement l'Eden, ce paradis non-terrestre du grand méchant mégalo, et pouvoir m'attacher mieux à ces personnages dont on ne voit que le charisme. Space Sweepers a la forme d'un plaisir coupable, mais qui ne me correspond pas, et dont le seul crime est l'hyperactivité.