Croquette League

Il s'agit de l'avant-dernier film de Paul Verhoeven avant son exil aux Etats-Unis, donc le cinquième sur les six long-métrages que compte sa période hollandaise.
Verhoeven signe une chronique ambitieuse sur la jeunesse de son pays, en suivant notamment trois jeunes mecs fans de motocross, ainsi qu'une vendeuse de frites à peine plus âgée.

Si "Spetters" (le terme signifie "éclaboussures", au sens propre comme au figuré évidemment) est un vrai bon film, j'avoue avoir eu un peu de mal à me plonger dedans.
Il faut dire que le choc culturel est de taille face à ces post-ados néerlandais des années 80, dont le quotidien se partage entre les courses de moto, la fanfare municipale et les concours de zizi (au sens littéral!). Et aussi courir les filles, évidemment...

Mais peu à peu, c'est la mise en scène déjà très maîtrisée de Verhoeven qui permet d'emporter le morceau, et mon intérêt à fini par croître, de même que mon empathie pour ces héros atypiques, à mesure que le scénario déroule ses péripéties assez inattendues, et que les nombreux thèmes abordés par "Spetters" se mettent à émerger.

Sexe explicite, violence très crue, critique de la religion, humour caustique (la recette des croquettes!), tout le cinéma du hollandais violent est déjà bien présent. Sans oublier des personnages ambigus et un beau portrait de femme forte, sans scrupules et maîtresse de son destin.

J'ai aussi aimé l'ambiance générale du film, sublimée par la mise en scène de Verhoeven, et cette atmosphère de bourgade provinciale hollandaise. D'ailleurs j'aimerais bien savoir dans quelle ville a eu lieu le tournage, si quelqu'un le sait?

Si je dois signaler un défaut, c'est peut-être l'aspect un brin longuet, et éventuellement l'interprétation parfois inégale, mais je chipote. C'est sûr que Renée Soutendijk ne boxe pas dans la même catégorie que Carice Van Houten ou Sharon Stone, mais l'ensemble des jeunes comédiens ne s'en sort pas si mal, entourés des vedettes locales Rutger Hauer et Jeroen Krabbe dans des seconds rôles.