Spider-Man 2 N'EST malheureusement PLUS une référence

Après des années à avoir considéré cet épisode comme la meilleure itération de l'Homme Araignée, c'est la douche froide. Il a longtemps été dans mes films de Super Héros favoris, mais je me rends compte aujourd'hui qu'il a bénéficié d'une certaine aura (probablement due au contexte de l'époque où la véritable concurrence était rare) qui m'a fait occulter ses nombreux défauts pour ne voir que l'aspect ultra cool et spectaculaire de voir virevolter Spider-Man comme jamais dans les rues de New York.

Or il y a à mes yeux essentiellement deux choses qui rendent ce film vraiment mauvais: d'une part, sa romance imbuvable entre deux personnages complètement niais et aux décisions inconsistantes, du "je t'aime moi non plus" de télénovéla qui, en plus de ruiner le rythme du film, rend Peter et MJ peu sympathiques, voire insupportables. Une mièvrerie XXL que ne renierait pas Disney, pourtant absente du MCU, et qu'un grand nombre de spectateurs et de cinéphiles arrive curieusement à tolérer, sans doute parce que Sam RAIMI bénéficie d'une réputation de réalisateur surdoué, réputation à mon sens surestimée.

D'autre part, il y a un scénario écrit avec les pieds avançant grâce à des coïncidences et rempli d'incohérences. Bien qu'il s'agisse d'une adaptation de comics, on ne peut pas faire n'importe quoi et prendre les spectateurs pour des idiots ou des enfants, la suspension d'incrédulité a quand même un seuil à ne pas dépasser si l'on veut que le public reste investi, or le scénario est une succession d'événements raccordés de manière complètement improbable. Quelques exemples: Peter fait un exposé sur la fusion, et bien comme par hasard son ami Harry sponsorise un grand scientifique qui s’apprête à révolutionner cette technologie et les fait se rencontrer. Après on fait une démonstration de ladite fusion en plein New York, dans un appartement, mais pas de souci, ça risque rien. Plus tard tante May a besoin d'un prêt, ils vont donc à la banque, et c'est justement celle-là qu'Octopus dévalise. C'est pratique comme ça on a à la fois le héros et l'otage (May) pour la scène sans perdre de temps. Ensuite Octopus agresse Harry pour avoir la matière première utile à son expérience et là, petit tour de passe passe il accepte de passer un marché avec Harry: trouver Peter pour lui faire dire où est Spider-Man pour le ramener à Harry qui veut venger la mort de son père... Au lieu de simplement lui prendre la matière première, sans contre partie, puisqu'il avait Harry à sa merci. Et Octopus ne trouve rien de plus logique que de balancer une voiture sur Peter - au risque de le tuer, mais bon, on est plus à un détail près - pour commencer son interrogatoire. Bref, le film enfile les perles les unes derrière les autres, il faut le (re)voir pour le croire. Autant de facilités dans l'élaboration de l'intrigue c'est de la paresse intellectuelle, on veut nous faire gober trop de choses pour ne pas décrocher à un moment donné. Un scénario aussi mal fichu serait servi aujourd'hui dans n'importe quel film de super héros, il se ferait incendier sans pitié. On a depuis largement gagné en qualité dans le travail d'écriture, n'en déplaise aux détracteurs du MCU.

Malgré ses personnages niais (on est pas obligé de créer des personnages débiles, même quand on s'adresse à un jeune public) et son scénario fragile et convenu, la mise en scène sauve le film. L'ensemble est globalement assez dynamique et met en valeur le tisseur, le tout servi par un travail sur les lumières et les décors qui créent une véritable atmosphère d'environnement urbain agréable et palpable, proche du comics. Raimi parvient à iconiser notre héros dans son costume aux travers de quelques scènes, et c'est tout de même louable. En dehors de ça, il n'y a pas grand chose à sauver, mêmes les effets spéciaux piquent parfois les yeux tellement ils ont pris un coup de vieux.

Je lui laisse la moyenne parce que l'action a encore une certaine gueule et parce qu'il est une date dans le genre, autrement, on est pas loin du nanard. Il n'est donc plus une référence, car en terme d'action, de scénario, d'écriture de personnage, on a fait bien mieux depuis, et heureusement, car autrement, le genre super héroïque ne serait pas sorti de sa case de films destinés aux enfants.

Pour moi, il a marqué son époque, mais n'y a pas survécu. Et c'est avec regret que je pense cela, car depuis, aucun film Spider-Man ne m'a autant fait kiffer au cinéma.