Les justaucorps bleu et rouge, c'est trooop sexy!
Je n'aime pas Spider-Man.
En fait je le hais, c'est le super-héros que je supporte le moins.
Vous me demanderez sûrement pourquoi. Et même si vous ne me le demandez pas, comme je suis un incorrigible bavard, je vais m'empresser de répondre à cette question.
Spider-Man, c'est l'histoire d'un nerd qui, par hasard (et un peu grâce à sa fascination pour la science), acquiert des super-pouvoirs qui vont le transfigurer. Plus fort, doté de sens aguisés et de nouvelles facultés, il devient une tout autre personne. Ses rêves les plus fous sont désormais à sa portée, comme sa chère Mary Jane. Il fait le bien, il devient un héros reconnu détesté des méchants et adulé par la foule. Il prend beaucoup de confiance en lui, si bien qu'ils n'hésitent pas à participer au concours de la petite blagounette, pour paraphraser un célèbre clown.
Il gagne sa vie en vendant des photos de lui en pleine action, aussi, c'est bon de le rappeler.
Vous voyez pas ce qui cloche? Bon. Continuons. C'est également, parait-il, le super-héros auquel les amateurs de comics s'identifient le plus. Beaucoup s'y reconnaissent, il faut le dire. Un peu marginaux, ils y trouvent leur héraut, une icône pour montrer qu'au fond de leur petit coeur sensible, ce sont des personnes extraordinaires. C'est ainsi qu'ils se répètent une des phrases les plus cultes, "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités".
Voilà pourquoi je l'aime pas. Spider-Man, il vend du rêve. C'est l'opium du peuple, ou disons, l'opium des geeks. On est fantastiques, regardez Spider-Man! C'est un héros, et il a de super super-fringues! Vous voyez qu'on vaut la peine!
Pourquoi je raconte tout ça? J'y viens, j'y viens, arrêtez de m'interrompre, une chose à la fois.
Je déteste Spider-Man, donc. Mais l'on dit souvent que l'amour et la haine sont deux sentiments très proches. Il y a peu de cas où c'est aussi vrai qu'ici.
Parce que si je n'aime pas Spider-Man, c'est à cause de son arrogance, et de son aura auprès d'un certain public. Mais cette arrogance, c'est aussi une de ces forces. Peter Parker est un être humain avant tout. Il veut être aimé, il veut aimer, trouver sa place, vivre sa vie. Finalement, sa métamorphose ne l'a pas beaucoup changé. Il est toujours ce même Peter Parker, ce même empoté qui voudrait être quelqu'un. Et tout ne lui réussit pas toujours: tantôt il prend la grosse tête, tantôt son couple bat de l'aile, tantôt il a du mal à discerner le bien du mal, ou alors à concilier son activité de justicier avec sa vie privée. Mais c'est également ce qui est fascinant, chez lui. Toute cette humanité en fait l'un des super-héros les plus crédibles. Il aura beau dire tout ce qu'il veut, il n'est pas l'avatar de la justice, mais un être vivant, qui a besoin de reconnaissance et de compassion. Qui est parfois insupportable de suffisance, parfois pathétique, parfois méprisable, tout ça parce qu'il cherche le bonheur.
Oui, hein, parce qu'autant le dire, c'est pas parce qu'on est un asocial doté d'une passion immodérée pour des choses peu intelligibles au commun des mortels qu'on est une bonne personne. Et d'ailleurs, Spider-Man est loin d'être toujours parfait.
Si tout cela est présent dans le comics, ce troisième opus de l'adaptation avec Tobey Maguire cherche à rendre la chose encore plus tangible. Je lis souvent que ce dernier joue comme une chaussette, mais que ce soit voulu ou non (j'espère pour lui la première option), c'est bien: Peter Parker a du mal à vivre en société, il a du mal à renvoyer correctement les émotions aux autres. Tout doit sonner faux, chez lui, de ses sourires à ses grandes tirades. Dans le film, même quand il veut avoir l'air "cool", sous l'influence de Venom, il a l'air d'une quiche avec une chenille sur la tête. Ne parlons même pas de sa maladresse proprement effarante quand il s'agit de communiquer avec l'élue de son coeur. Maguire sonne faux parce que Peter Parker doit sonner faux jusqu'au bout des ongles.
Finalement, la question qu'on est en droit de se poser, c'est comment un mec si minable arrive à pécho et à avoir encore au moins un pote ([SPOIL]même si ce dernier crève comme une merde après l'avoir aidé à récupérer sa petite copine[/SPOIL]). Honnêtement, j'ai pas la réponse. Du bol, je suppose.
Bref. Le film condense plusieurs arcs scénaristiques sans trop se manger, les effets spéciaux, bien que très captants, sont sympa, et l'on retourne à l'essence de ce qu'est le mythe de Spider-Man: un gosse dans un corps d'adulte. Bien sûr, la fin dégouline de bons sentiments, mais honnêtement, why not? J'ai même réussi à verser une larme. Bon, juste une, hein, alors que je suis du genre à pleurer facilement, mais c'est déjà pas mal.
Finalement, je sais plus si j'adore Spider-Man ou si j'ai envie de lui refaire le portrait.
Je me poserai la question quand j'aurai des pouvoirs qui me permettront de tenir au moins 10 secondes devant lui.
À l'admirable lecteur qui aura atteint cette ligne, félicitations, je lui dirai donc pourquoi je critique cette trilogie en partant du dernier. Il y a deux raisons: la première, c'est que des trois c'est mon préféré (ne fut-ce que pour la scène de la résurrection de Sand-Man), et la seconde... c'est que je n'ai le premier qu'en VHS, et que je n'ai pas de lecteur VHS sous la main. *tousse*