Suite directe d’Avengers : Endgame, Spider-man Far From Home conclut la saga Infinity de manière rafraichissante tout en continuant à façonner sa propre identité.
Il s’appuie en effet clairement et de manière assumée sur les conséquences de l’affrontement avec Thanos. Sur le plan émotionnel, évidemment, puisque le souvenir de Tony Stark est sans cesse évoqué, mais également, et c’est plus étonnant, en l’utilisant comme ressort comique, et ce dès le générique. Le « blip » (les 5 ans qui séparent le snap du retour des disparus) permet à Watt de s’amuser avec tout ce que peut impliquer le fait qu’une partie de la population a vieilli de 5 ans alors que le reste n’a pas bougé d’un iota. On peut regretter que le scénario creuse peu l’impact psychologique de ce blip, mais le sujet ayant été largement traité dans la première partie de Endgame, on comprend que Jon Watts ait souhaité se concentrer sur le fun et la quête de l’insouciance perdue.
C’est réussi car Far From Home est un emballant teen movie, à l’instar de Homecoming mais en plus abouti. Très bien écrit et particulièrement poussé sur la caractérisation des personnages, le road trip européen fonctionne à merveille grâce à la complicité évidente entre les acteurs et une bande son rock un peu vintage percutante. Drôle et enlevée, cette partie fait la part belle au groupe d’ados et en particulier à Ned, le meilleur ami de Peter, qui se révèle clairement. Les personnages gagnent tous en relief, s’affirment dans leur réparti, renforçant la spontanéité de leurs échanges. Le réalisateur parvient à jouer sur des dynamiques fluides et naturelles entre les lycéens (Ned donc, mais aussi Flash, Betty ou Remy) mais aussi chez les adultes (Tante May/Happy – Maria Hill / Nick Fury).
L’inévitable rapprochement entre Peter et MJ ajoute un arc romantique au film, mais l’alchimie entre les deux et l’éclatant charisme de Zendaya viennent prévenir toute niaiserie.
Plus fun, plus impressionnant, plus épique que Homecoming Far From Home fait tout un petit peu mieux que son prédécesseur. Sauf peut-être la caractérisation du principal antagoniste de Spider-man. Mysterio est impeccable à l’écran, son exécution est parfois même impressionnante, mais son background et ses aspirations sont au choix brumeuses ou ridicules (on préféra le Vautour de Michael Keaton). MAIS, Marvel a eu la très bonne idée de confier le rôle à Jack Gyllenhaal qui lui donne avec ce dont il dispose, un peu de folie et beaucoup de charme, une épaisseur presque inespérée. Passant de figure paternelle à adversaire redoutable, sa relation avec Peter construit la deuxième partie du film, qui s’avère un actionner sans fausse note, à la mise en scène d’une grande lisibilité et toute tendue vers ce qui caractérise Mysterio, l’illusion, qui impacte et le scénario et la réalisation. Watts s’en empare brillamment, ce qui lui permet de signer des scènes psychotiques particulièrement réussies, notamment la «grande » scène de Mysterio, assez scotchante, et un combat final pour une fois satisfaisant.
Le duo Gyllenhaal /Holland est d’autant plus convainquant que le jeune acteur a pris de la maturité et s’empare désormais totalement du rôle.
S’il ne révolutionne pas le genre (mais quel Marvel le fait dorénavant ?), Far From fait tout très bien. Trouvant un équilibre efficace entre Teen Movie, Road Trip, Romcom et action, Jon Watts renforce l’identité des aventures du tisseur tout en donnant au MCU une conclusion légère et absolument divertissante. Tout en teasant son avenir.
Car oui, restez bien jusqu’à la fin du générique…

Créée

le 5 juil. 2019

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