Souvent, je regrette que Sens Critique ne nous permette pas d’être un peu plus nuancés dans nos notes. Personnellement, je verrais l’ajout du demi-point comme une grande amélioration. Spider-Man fait partie de ces films que je ne sais pas noter parce que mon cœur balance entre deux notes qui ne me donnent pas entière satisfaction. Je n’ai pas envie de lui mettre six parce que je trouve la note un peu sévère pour un film qui m’a bien diverti, mais le sept semble tout de même un peu généreux au vu de ses longueurs et de son manque de dynamisme.
« Spider-Man : Far From Home » est le 23e film de l’univers Marvel et probablement le dernier de la phase III, mais je peux me tromper, au vu du chiffre, la question se pose : Ont-ils encore quelque chose à raconter ?
La réponse est oui, l’Univers Marvel est complexe et riche, dans le fond, il y aura toujours une histoire à raconter. La stratégie commerciale de Marvel est excellente et ses scénaristes généralement de qualité. Il suffit de voir la différence avec DC et la façon dont ils ont géré la sortie de leurs films pour en être convaincu. Par contre, est-ce qu’ils racontent est intéressant ? C’est probablement là que le bât blesse.
A mon sens, il y a plusieurs raisons à ce film en demi-teinte, la première c’est que comme pour « Black Panther », il souffre du contexte dans lequel il doit sortir. Ce Spider-Man arrive juste après le très, très attendu « Avengers : Endgame ». Une bonne partie du casting de base n’a pas voulu reprendre son contrat et on se retrouve donc avec une nouvelle équipe à constituer. Dans le fond, qui prendra la place de Captain America, de Tony Stark et des autres ? Si certaines réponses sont déjà amorcées, elles restent tout de même en suspens et ce n’est pas à « Spider-Man : Far From Home » d’y répondre, mais bien au prochain film choral que Marvel sortira. « Black Panther » souffrait du même problème puisqu’il sort en février 2018 à peine deux mois avant la sortie d’ « Avengers : Infinity War ». Il doit donc réussir le pari de raconter une histoire intéressante sans dévoiler ce que tout le monde a envie de savoir. Spider-Man se retrouve donc avec ce défi d’être intéressant sans rien dévoiler de ce qui se passera prochainement. Dans le fond, le titre « Far From Home » est bien trouvé et le contexte aussi puisque tout se passe pendant les vacances de notre jeune héros. Loin des yeux, loin du cœur, on est sensé oublié les questions qui nous taraudent et comme dit Fury à Peter lorsque celui-ci lui demande s’il n’y a pas un autre Avengers pour reprendre le job, la réponse est qu’ils ne sont pas disponibles.
Forcément ce besoin de raconter quelques choses sans trop en dire module tous le scénario, mais il n’est pas le seul en cause. Le casting parfois mal exploité joue pour beaucoup et le film peine à avoir un rythme digne d’un Marvel. La première partie du film est sympathique, mais fait tous de même très carte postale sans compter qu’on manque clairement d’un méchant d’envergure à l’écran et on s’ennuie un peu. Une fois que le masque tombe Jake Gyllenhall fait un méchant très intéressant en Mystério, mais l’acteur est rarement sollicité à la hauteur de ce qu’il sait faire. Dans le fond, il offre une performance assez banale comparé à ce qu’il peut proposer.
Une des grandes forces du premier film venait de son originalité. Après deux sagas Spider-Man il prenait le parti de nous épargner la genèse de Spider-Man et nous offre une superbe scène d’introduction pour le film. Tout comme on a droit à un acteur encore assez proche de l’adolescence au commande du personnage. Le résultat fut au rendez-vous.
Ici Tom Holland est toujours excellent dans son rôle, ça ne suffit pas. Dans le fond, le film n’est pas mauvais, juste un peu plat, même si bourré de bonnes idées. Les personnages secondaires sont très chouettes, on pense particulièrement à Ned, Happy ou encore tante May. La mort de Tony Stark et les questions qu’elle soulève est bien géré. Tout comme la pression qui est mise sur Peter, un adolescent de 16 ans, qui est partagé entre vivre sa vie et accomplir quelque chose de plus grand que lui.
En termes de réalisation, on stagne un peu aussi. Comme me disait très justement un collègue, les scènes sont de plus en plus faites, non pas parce qu’elles ont un sens en terme de mise en scène, mais simplement parce qu’on a les moyens techniques pour les faire. Les réalisateurs se permettant tous les fantasmes souvent au détriment de la qualité.
En résumé, Spider-Man n’est pas un mauvais film, mais il est plutôt dispensable parce qu’il ne raconte pas grand-chose d’intéressant là où Black Panther avait au moins l’avantage de faire découvrir le Wakanda et un personnage moins connu de l’Univers. Il souffre de sa date de sortie, mais aussi d’une certaine mollesse dans son écriture et dans sa direction d’acteurs, les situations les plus intéressantes étant celles de fin du film et les scènes post-générique. Ça ne veut pas dire qu’il ne vaut pas le coup, c’est simplement un film de vacances.