Il y a quelques années de ça, alors que j’avais choisi pour un examen une suite un poil ambitieuse, mon professeur de musique, pourtant intransigeant en temps normal, m’avait donné un précieux conseil qui fait encore écho aujourd’hui. Il m’avait recommandé de soigner tout particulièrement l’introduction et le final car, de toute façon, personne ne se rappelle de ce qu’il y a entre les deux.
S’il avait évidemment forcé le trait, il n’était pas loin de la vérité. Combien de morceaux vous harponnent dès les premières notes ? Combien de livres moyens avez-vous terminés parce que les premiers chapitres ont fait mouche ? Combien de films passent de médiocres à bons grâce à leur conclusion ? L’inverse est tout aussi vrai : un final raté et c’est tout le travail du réalisateur/auteur/compositeur qui s’effondre.


Du début à la fin, Spider Man : into the Spider-verse est impeccablement maitrisé, mais permettez-moi de souligner que les premières minutes sont exceptionnelles. Immédiatement, le spectateur est bluffé par des animations d’une qualité extraordinaire. Lors d’une plongée dans New York on découvre, à l’aide d’une bande-son principalement estampillée East Coast avec en particulier Sunflower de Post Malone, les premiers personnages du récit à venir. Travail d’écriture impeccable car en quelques scènes on comprend les liens entre les protagonistes ainsi que leurs traits de caractère sans que rien ne soit forcé. Et puis la pique envoyée à Spiderman 3, quel plaisir.


On pourrait disserter longtemps sur les bons points du film mais, à mon sens, c’est le trio écriture-animation-bande originale qui se dégage et permet au film écrit par Phil Lord de se placer dans le haut du panier de l’animation. Humour, action, rebondissements et le meilleur caméo de Stan Lee sont au programme d'un long-métrage qu’on ne voit pas passer. Alors que le mélange des dimensions a tout de l’histoire casse-gueule, le récit et les enjeux restent clairs.
Si finalement la trame globale du film n’est pas la plus originale, avec un Spiderman qui se découvre, galère, puis maitrise ses pouvoirs et finit par vaincre, c’est tout ce qui nous est servi autour qui se démarque. Et à l’heure où on est incapable de différencier deux films Marvel, c’est une véritable bouffée d’air frais. Evidemment la morale qui dit que nous pouvons tous être Spiderman est un légèrement niaise, mais comme le dit astucieusement un passant à Milo, c’est une métaphore hein, faut pas tout prendre au pied de la lettre.


Enfin, un dernier mot sur le casting puisqu’il comporte deux grandes réussites. Jake Johnson est sensationnel en Peter B. Parker et nul doute qu’il apporte grandement au film. Idem pour Mahershala Ali dans le rôle de l’oncle Aaron, ne serait-ce que pour la séquence du fameux « Hey ». Un petit mot également pour Nicolas Cage à qui le personnage de Spiderman Noir venu des années 30 sied à merveille.


Spider Man : into the Spider-verse est donc une franche réussite et il est certainement le meilleur film d’animation auquel nous ayons eu droit depuis bien longtemps, même en incluant The Incredibles 2.


Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme une envie d'aller acheter des Air Jordan 1 tout à coup..

Jake Elwood

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