Un OAV très intéressant, là où d'habitude Marvel souffre nettement de la comparaison avec DC. Le style est présent, graphique, dynamique (ce que je regrette de ne pas l'avoir vu en HD...). L'histoire développe un multivers habituellement cauchemardesque pour qui tente d'y comprendre quelque chose, et arrive à le faire de façon assez fouillée pour que les pertes de (presque) chaque Spiderman soient touchantes. De même, le méchant (en tout cas principal) est développé, ambiguë et intéressant, même si il aurait pu être mieux traité. Mais il est vrai que si l'on creuse un peu, le message reste somme toute assez banal : tout le monde peut-être Spiderman, nous sommes chacun des super-héros, c’en est rabâché à un point tel que ça en devient gênant. A ceci prêt que, comme dit précédemment, le film réussit à insister sans lourdeur sur les pertes jalonnant les parcours des Spidermen, qui le marquent et le forgent. Et ce en évitant le poncif du flashback du vieux Ben, effort salutaire. Il se concentre sur les émotions des Spidermen, sur comment cela change leur vie, plutôt que d’abîmer le spectateur dans une longue contemplation ininterrompue de la "scène de la mort".
Miles Morales reçoit enfin ses lettres de noblesse sur grand écran en tant que successeur potentiel de Peter Parker, avec son nouvel univers, sa fraicheur, ce qui rend le contraste avec Peter B. Parker encore plus saisissant. Le passage de témoin est ainsi le second thème du film, là où Spiderman doit toujours apprendre dans la douleur et en solitaire. Le décès d'un proche reste un passage obligé, mais Miles reste un ado accompagné et apprécié par ses pairs quand Peter Parker avait une vie qui ne faisait guère envie. Ceci est montré par la présence des parents de Miles tout au long du film, qui permet de renouer avec un parcours familial plus commun et donc une proximité plus grande encore avec Spiderman.
Dernier point : les Méchants. On ne peut être qu'assez mitigé : d'un côté, le Caïd reste un adversaire de poids, bien mis en valeur et pour une fois pas totalement manichéen. On a également une timide tentative de mettre un méchant revisité avec le Docteur Octopus, ainsi que la présence d'ennemis originaux tels le Rôdeur. Mais le reste laisse à désirer : un Scorpion pas du tout creusé, un Rôdeur qui l'est à peine, et un Thombstone présent mais même pas mentionné (en même temps, était-ce nécessaire au vu de son utilité...). Mention de la présence du Bouffon Vert (interprété par Olivier Giroud), dans une espèce de forme bestiale et ramené au statut de sous-fifre du Caïd... peu compréhensible, de part la nature même d'Osborn.